Poesía a flor de piel de Miguel Ángel Sevilla, poeta argentino
Vous êtes une hirondelle
Vous êtes une hirondelle
Qui aurait pris son envol
Vous êtes une lettre V
Qu’on ne saurait combler
Vous êtes chaque goutte
Des fleuves de rosée
Vous êtes une lettre E
Étendue, majuscule
Vous êtes tous ces signes
Qu’on ne sait pénétrer
Vous êtes la fenêtre
La lettre d’ignorance
Vous êtes des rivages
La ligne du lointain
Vous êtes d’un tableau
Cette couleur qui manque
Vous êtes d’un musée
Cela qui fait défaut
Vous êtes une fleur sans nom
Qu’on ne pourrait connaître
Vous êtes la fenêtre
En forme de hublot
Vous êtes chaque pas
Dont l’empreinte s’efface
Vous êtes à chaque fois
La note qu’on attend
Vous êtes demoiselle
Telle l’aile de l’oiseau
Et de l’envol vous êtes
L’oiseau qui s’en alla
Vous êtes plus qu’un rêve
Car vous êtes concrète
Dans le bois où l’idole
Nous donne rendez-vous
Vous êtes de ces eaux
Le corps ténu, liquide
Vous êtes la clairière
De la forêt des flots
Vous êtes le navire
Et la mer qu’il sillonne
Et vous êtes impassible
Plus sage que la mort
Vous êtes tous ces flots
Qui cognent à vos tempes
Vous êtes la mendiante
De votre château fort
Vous êtes la sculpture
D’une sagesse bouddhique
Vous êtes la luxure
D’une sagesse orientale
Vous êtes la promesse
Qu’on ne saurait atteindre
Vous êtes comme un fruit
Éclot dans l’au-delà
Vous êtes sur la paume
De l’aveugle l’aumône
Vous êtes dans le temple
L’idole qu’on expulsa
Vous êtes l’instrument
Qu’on veut parfois détruire
Vous êtes l’harmonie
Qui nous blesse les doigts
Vous êtes on ne peut
Dire encore davantage
La forme qui nous hante
Semblable à la beauté
Tu t'habilles de jour Te vistes de dia
Et seule tu traverses Y sola atraviesas
Des murs de cristal Muros de cristal
Et aussi de chaux Y tambien de cal
De pierre et ciment De piedra y cemento
Ronsard
à mon oncle, à mon frère
Car ainsi que le vent sans retourner s’envole
Sans espoir de retour s’échappe la parole
Disait Ronsard un jour
Un pote de mon frère
Celui qui est déjà mort
On était au bistrot
Pour lire et pour causer
Et pour passer le temps
Qui vient nous emmerder
Et passe constamment
Et ne fait que passer
Un peu comme mes vers
A ajouté Ronsard
Et un peu comme les tiens
Que le vent ou le temps
Transporte et fait péter
Comme un ballon de môme
Et comme une chambre d’air
Et te voilà à pied sans tes vers à Paname
Pas même à vélo car les vers qui s’en vont
T’emportent même l’âme
Et carrément te fauchent
Te volent si tu veux
L’élan de la parole
Qui te faisait bander
Les muscles de la gorge
La glotte, le palais
Les lèvres, la cavité buccale
Et tout le bataclan
Où ta langue jasait
On était au café
Je sais pas si tu vois
A ajouté Ronsard
J’aimais beaucoup ton frère
Et ton oncle tu vois
Celui qui était poète
Qu’on enferma un jour
Ils lisaient mes Amours
Mon livre Les Amours
Jusqu’au petit matin
J’aime bien les gens comme ça
Mon livre est un chef d’œuvre
J’y parle et je suis mort
C’est vraiment très marrant
Je parle dans des mots
Ecrits il y a longtemps
Et toi qu’est-ce que tu fais ?
Je lui ai dit je me tais
Il faut que je me taise
Souvent pendant des heures
Parfois pendant des jours
Des mois ou des années
Pour écrire un poème
Un peu comme on se tait
Quand on va faire l’amour
Ou juste avant qu’il neige
Il m’a dit je vois bien
Moi, depuis que je suis mort
J’écris mais sans paroles
Je passe dans le vent
De vent étaient mes mots
Mes Amours, mon livre Les amours, le tombeau
Que j’ai fait à l’amour
Que je lui fais encore
Et dans la chevelure
Des filles je suis vent
L’amour n’est pas pour moi
Ou il l’a été trop
Et alors il m’a quitté
Sans même dire aurevoir
Et sans toucher au verre
De bière blondissant
Que je lui avais offert
J’ai crié eh, Ronsard
Quand est-ce que tu reviens ?
J’ai entendu ses vers
Crisser près du trottoir
Car ainsi que le vent sans retourner s’envole
Sans espoir de retour s’échappe la parole
Je lui ai dit je veux bien
Mais mon frère le poète
Qui est mort dans un chantier ?
Et mon oncle le fou
Qu’on enferma pour fou
Et qui était poète ?
J’ai entendu ses vers
Résonner au-dedans
Car ainsi que le vent …
Et puis soudain la nuit
A mis comme un bandeau
Sur mes yeux et depuis
Je marche à tâtons
Je vois quelques lumières
Seulement de temps en temps
Ronsard et quelques autres
Qui s’en vont, qui reviennent
Que pasan en el viento
Qui parlent dans le vent
Pájaro divino
A mi madre
Que no sea silencio
Y que no me hable la lluvia en la tarde
Que no sea silencio
Y que no me calle
Que allá en las calles sea agüita que pasa
Que sea manantial y que se me abra
La boca cantando
Luego que el silencio me coma los labios
Que sea como un muerto que habla callado
Que no sea del tiempo y que el tiempo sea tan solo un caballo
Que me lleva lejos, en pos de mí mismo
Y que ahí me muera
Ahí en el barrio en donde he nacido
Que sea de barro como siempre he sido
Que el amor de nuevo me brinde el olvido
Y que sea de yuyo de nuevo de alfalfa y que sea río
Ese de la calle que pasa crecida
Esita y que un niño se bañe en mis aguas
Que él sea mi destino
El niño y el río que pasan jugando
El viento que va y el que se ha ido
Que no sea testigo
Que el viento me lleve en pos de mí mismo
Que me ame el árbol que adore sus frutos
Que sea de la tierra como siempre he sido
Y que ahí florezca en el amarillo
O rojo azulado canto del destino
Pájaro divino que en mi ha cantado
Mayo 2014
La voz del tango
A Nathalie
La voz del tango me dice
Que esta mina es muy hermosa
Y que yo soy un jonca, un cajon
En un día de velorio
O sea que soy muy feo, fulero
Pa’ qu’ella me quiera ver
Porque las pibas hermosas
Deben cumplir un deber
Y ser como es la flor
Que florece por doquier
O sea por todas partes
De su cuerpo, de su tallo
E inclusive
En el lenguaje callado
Que les incumbe de hablar
Y que algunos oímos
Y no todos por supuesto
Solo esos que llaman giles
Y que tienen el defecto
De decir lo lindo es lindo
De decir la flor es flor
Y su belleza mayor
-La de la chica de la que hablo-
Incluso que el Aconquija
¡Incluso que el Aconcagua!
Para que ella lo sepa
Murmura la voz del tango
Porque a veces se distrae
Y vive como va el agua
Que no sabe dónde va
Y eso aumenta su belleza
Y poco es llamarla hermosa
Porque avanza sin saber
Porque es bella sin pensar
Y se parece al mar
Que no necesita nada
A veces tan solo el agua
De la lluvia, nada más
¡Nada más y nada menos!
Me grita la voz del tango
Y las gotas de sereno
Que el cielo le suele dar
Para que siga contenta
Y que se moje el cabello
Y que este, al ser más bello
Nos llegue a enceguecer
Pa’ que nunca la veamos
Y sepamos, si sabemos
La belleza que llevamos
-esta suya, hasta siempre-
Adentro del corazón
O mejor dicho grabada
En la mente con el habla
Esa muda de palabras
Que habla solo de ser
Y que la hace mujer
Casi divina, escondida
Atrás de su rostro hermoso
O sonriente, dibujado
Concluye la voz del tango
En el lienzo de un cuadro
Que nadie supo pintar
Agosto 2012
Miguel Angel SEVILLA
Poète et auteur dramatique, il est né à Tucuman, Argentine, et vit à Paris depuis 1976.
Publications
Théâtre :
La légende des jumeaux La collection privée du Capitaine/Les cahiers de l’Egaré, 2017
L’auteur éconduit. Pièce courte in Cervantes Shakespeare. Les Cahiers de l’Egaré, 2015.
La guerre titre provisoire. Editions de l’Amandier. 2013
Pierre Pierre le dragon. Dessins de Dana Radulescu. Editions de l’Amandier, 2012.
Tangos, slams et coplas. Editions de l’Amandier, 2010.
Khadija vient à Paris. Dessins de Dana Radulescu. Editions de l’Amandier, 2007.
Les fosses aux loups. Editions de l’Amandier, 2004. Réédition, 2011.
Alice Droz, suivi de Cléo, la substitution et Emma, Rosa, Ada. Préface de Daniel Mesguich, Editions de l’Amandier, 2001.
L’Absente. Editions Galerie Charley Chevalier 1988.
Poésie :
De la calle et del exilio (En espagnol et français). Sin Licencia Libros. 2019
L’eau m’est venue à la bouche. Editions de l’Harmattan, 2018
Ailleurs Photographies de Dominique Wallut. 2017
La guerre titre provisoire. Mise en scène Gabriel Devray. 2013
L’eau, l’autre et la guerre. Editions de L’Usine Utopik, 2010.
Gamine des rues. Editions de l’Harmattan, 1999.
R. Fragments et tableaux. Les jardins de Bazouges, 1999.
Nous n’habitons pas vraiment… Dessins Gérard Koch. Galerie Suzanne Tarasiève, 1991.
Le nain des figuiers. Dessins Rosita Dewez Sancho. Galerie-Editions Otalia, 1990.
La forme de mon ange. Dessins F. Bouillon. La Criée, FRAC Rennes, 1987.
Le passé qui l’entoure. Dessins Rosita Dewez Sancho. Galerie Charley Chevalier, 1986.
Le rêve d’Arianne. Dessins Gérard Zlotyskamien. Institut d’Orphée, 1986.
Canto Primero. Dessins Manuel Cano del Castro. Galerie Charley Chevalier, 1978.
Poèmes et articles dans les revues Artère, Esprit, Les Cahiers Bleus, Plages, 25 (Bruxelles), North-Information (Copenhague), Piedra del Molino (Espagne).En ligne sur le BAT (Billet des Auteurs de Théâtre) et sur Littératures brèves.
Créations :
Poésie bancale et poèmes tangués. Avec l’auteur et Christelle Séry à la guitare. 2018.
La mémoire d’un théâtre sur le point de disparaître. Mise en scène Nathalie Sevilla. 2016.
Tangos tangués et poésie bancale. Avec l’auteur et la bandonéoniste Louise Jallu. 2014-2016
Tangos, slams et coplas. Avec l’auteur et Lucie Delahaye à la guitare. 2012-2014
Pierre Pierre le dragon. Mise en scène l’auteur. Avec Nathalie Sevilla. 2012
Tangos, slams et coplas. Avec l’auteur et Chistelle Séry à la guitare. 2008-2013
Alice Droz. Mise en scène de l’auteur. Avec Williams Mesguich et Nathalie Sevilla. Théâtre Paris-Villette 1997-1998
Khadija vient à Paris. Mise en scène de Nathalie Sevilla. 2007.
L’Amicale de locataires (Commande d’écriture). Mise en scène de Véronique Widock. 2006.
Papillons écarlates, création. Mise en scène d’Olivier Hamel. Théâtre de la Tempête. Rencontres de la Cartoucherie, 2006.
La jeune fille et la nouba (Commande d’écriture). Texte pour le concert du même nom. 2005.
La femme gaspillée (Commande d’écriture). Mise en scène de Véronique Widock. 2006.
Shîrrîne endormie (Commande d’écriture). Création de Simon Pitaqaj. 2005.
La Nouvelle Dulcinée. Mise en scène Marie Steen.Théâtre de la Tempête. Rencontres de la Cartoucherie, 2005.
Le bâton d’arara/ Récital avec l’auteur et la guitariste Christelle Séry, 2005 et 2006.
Les fosses aux loups (Fauces) (Commande d’écriture). Lasalle, Gard, 2005.
Donne-moi du feu (Commande d’écriture). Mise en scène de l’auteur. 2004.
Emma, Rosa, Ada. Mise en scène de Nathalie Sevilla avec Zobeïda et l’auteur. 2003
Cléo, la substitution. Mise en scène de l’auteur. Théâtre Paris-Villette et Médiathèque Ceccano, Festival d’Avignon 1999. Bourse de la fondation Beaumarchais.
Les Invités Manquants, mise en espace de Julia Zumina. Théâtre de la Tempête, Rencontres de la Cartoucherie, 1998.
La Traversée ou l’Archange n’est plus là. Mise en scène de Nathalie Sevilla. Avec John Arnold et Bernadette Lafont. L’Atalante 1996.
Les Enfants Terribles. Adaptation du roman de Jean Cocteau. 1993.
L’Absente/ Mise en scène de l’auteur. Avec Etienne Sandrin et Nathalie Sevilla. 1990.
Lectures et mises en espace :
La légende des jumeaux. Maison de l’Amérique Latine. 2016
Le verre à pied. Mise en espace de Nathalie Sevilla. Lasalle, Gard. 2005.
Le livre de Clémence, lecture au Théâtre Paris-Villette. 2002.
La Fin de Robert Chaliot, lecture dirigée par l’auteur. Théâtre Paris-Villette, 1998.
Site Internet : http://aforcederever.fr/ Contact : nieva410@yahoo/fr