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* CHEMIN SCABREUX

 "Le chemin est un peu scabreux

    quoiqu'il paraisse assez beau" 

                                        Voltaire 

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Publié par VERICUETOS

Poesía a flor de piel de Miguel Ángel Sevilla, poeta argentino

Vous êtes une hirondelle

 

Vous êtes une hirondelle

Qui aurait pris son envol

 

Vous êtes une lettre V

Qu’on ne saurait combler

 

Vous êtes chaque goutte

Des fleuves de rosée

 

Vous êtes une lettre E

Étendue, majuscule

 

Vous êtes tous ces signes

Qu’on ne sait pénétrer

 

Vous êtes la fenêtre

La lettre d’ignorance

 

Vous êtes des rivages

La ligne du lointain

 

Vous êtes d’un tableau

Cette couleur qui manque

 

Vous êtes d’un musée

Cela qui fait défaut

 

Vous êtes une fleur sans nom

Qu’on ne pourrait connaître

 

Vous êtes la fenêtre

En forme de hublot

 

Vous êtes chaque pas

Dont l’empreinte s’efface

 

Vous êtes à chaque fois

La note qu’on attend

 

Vous êtes demoiselle

Telle l’aile de l’oiseau

 

Et de l’envol vous êtes

L’oiseau qui s’en alla

 

Vous êtes plus qu’un rêve

Car vous êtes concrète

 

Dans le bois où l’idole

Nous donne rendez-vous

 

Vous êtes de ces eaux

Le corps ténu, liquide

 

Vous êtes la clairière

De la forêt des flots

 

Vous êtes le navire

Et la mer qu’il sillonne

 

Et vous êtes impassible

Plus sage que la mort

 

Vous êtes tous ces flots

Qui cognent à vos tempes

 

Vous êtes la mendiante

De votre château fort

 

Vous êtes la sculpture

D’une sagesse bouddhique

 

Vous êtes la luxure

D’une sagesse orientale

 

Vous êtes la promesse

Qu’on ne saurait atteindre

Vous êtes comme un fruit

Éclot dans l’au-delà

 

Vous êtes sur la paume

De l’aveugle l’aumône

Vous êtes dans le temple

L’idole qu’on expulsa

 

Vous êtes l’instrument

Qu’on veut parfois détruire

Vous êtes l’harmonie

Qui nous blesse les doigts

 

Vous êtes on ne peut

Dire encore davantage

La forme qui nous hante

Semblable à la beauté

 

 
Seule toi
 
 Seule toi poésie               Sola poesia

Tu t'habilles de jour               Te vistes de dia

Et seule tu traverses               Y sola atraviesas

Des murs de cristal                Muros de cristal

 

   Et aussi de chaux               Y tambien de cal

        De pierre et ciment              De piedra y cemento 

                                                   

                                                          Ronsard                                                          

à mon oncle, à mon frère

 

Car ainsi que le vent sans retourner s’envole

Sans espoir de retour s’échappe la parole

Disait Ronsard un jour

Un pote de mon frère

Celui qui est déjà mort  

On était au bistrot

Pour lire et pour causer

Et pour passer le temps

Qui vient nous emmerder

Et passe constamment

Et ne fait que passer

Un peu comme mes vers

A ajouté Ronsard

Et un peu comme les tiens

Que le vent ou le temps

Transporte et fait péter

Comme un ballon de môme

Et comme une chambre d’air

Et te voilà à pied sans tes vers à Paname

Pas même à vélo car les vers qui s’en vont

T’emportent même l’âme

Et carrément te fauchent

Te volent si tu veux

L’élan de la parole

Qui te faisait bander

Les muscles de la gorge

La glotte, le palais

Les lèvres, la cavité buccale

Et tout le bataclan

Où ta langue jasait

On était au café

Je sais pas si tu vois

A ajouté Ronsard

J’aimais beaucoup ton frère

Et ton oncle tu vois

Celui qui était poète

Qu’on enferma un jour

Ils lisaient mes Amours

Mon livre Les Amours

Jusqu’au petit matin

J’aime bien les gens comme ça

Mon livre est un chef d’œuvre

J’y parle et je suis mort

C’est vraiment très marrant

Je parle dans des mots

Ecrits il y a longtemps

Et toi qu’est-ce que tu fais ?

Je lui ai dit je me tais

Il faut que je me taise

Souvent pendant des heures

Parfois pendant des jours

Des mois ou des années

Pour écrire un poème

Un peu comme on se tait

Quand on va faire l’amour

Ou juste avant qu’il neige

Il m’a dit je vois bien

Moi, depuis que je suis mort

J’écris mais sans paroles

Je passe dans le vent

De vent étaient mes mots

Mes Amours, mon livre Les amours, le tombeau

Que j’ai fait à l’amour

Que je lui fais encore

Et dans la chevelure

Des filles je suis vent

L’amour n’est pas pour moi

Ou il l’a été trop

Et alors il m’a quitté

Sans même dire aurevoir

Et sans toucher au verre

De bière blondissant

Que je lui avais offert

J’ai crié eh, Ronsard

Quand est-ce que tu reviens ?

J’ai entendu ses vers

Crisser près du trottoir

Car ainsi que le vent sans retourner s’envole

Sans espoir de retour s’échappe la parole

Je lui ai dit je veux bien

Mais mon frère le poète

Qui est mort dans un chantier ?

Et mon oncle le fou 

Qu’on enferma pour fou

Et qui était poète ?

J’ai entendu ses vers

Résonner au-dedans

Car ainsi que le vent …

Et puis soudain la nuit

A mis comme un bandeau

Sur mes yeux et depuis

Je marche à tâtons

Je vois quelques lumières

Seulement de temps en temps

Ronsard et quelques autres

Qui s’en vont, qui reviennent

Que pasan en el viento

Qui parlent dans le vent

 

Pájaro divino

A mi madre

 

Que no sea silencio

Y que no me hable la lluvia en la tarde

 

Que no sea silencio

Y que no me calle

Que allá en las calles sea agüita que pasa

 

Que sea manantial y que se me abra

La boca cantando

 

Luego que el silencio me coma los labios

Que sea como un muerto que habla callado

 

Que no sea del tiempo y que el tiempo sea tan solo un caballo

Que me lleva lejos, en pos de mí mismo

 

Y que ahí me muera

Ahí en el barrio en donde he nacido

 

                                     Que sea de barro como siempre he sido                                           

Que el amor de nuevo me brinde el olvido

 

Y que sea de yuyo de nuevo de alfalfa y que sea río

Ese de la calle que pasa crecida

 

Esita y que un niño se bañe en mis aguas

Que él sea mi destino

 

El niño y el río que pasan jugando

El viento que va y el que se ha ido

 

Que no sea testigo

Que el viento me lleve en pos de mí mismo

 

Que me ame el árbol que adore sus frutos

Que sea de la tierra como siempre he sido

 

Y que ahí florezca en el amarillo

O rojo azulado canto del destino

 

Pájaro divino que en mi ha cantado

 

Mayo 2014

 

 

La voz del tango

A Nathalie

 

La voz del tango me dice

Que esta mina es muy hermosa

Y que yo soy un jonca, un cajon      

En un día de velorio

O sea que soy muy feo, fulero

Pa’ qu’ella me quiera ver

Porque las pibas hermosas

Deben cumplir un deber

Y ser como es la flor

Que florece por doquier

O sea por todas partes

De su cuerpo, de su tallo

E inclusive

En el lenguaje callado

Que les incumbe de hablar

 

Y que algunos oímos

Y no todos por supuesto

Solo esos que llaman giles

Y que tienen el defecto

De decir lo lindo es lindo

De decir la flor es flor

Y su belleza mayor

-La de la chica de la que hablo-

Incluso que el Aconquija

¡Incluso que el Aconcagua!

 

Para que ella lo sepa

Murmura la voz del tango

Porque a veces se distrae

Y vive como va el agua

Que no sabe dónde va

Y eso aumenta su belleza

Y poco es llamarla hermosa

Porque avanza sin saber

Porque es bella sin pensar

Y se parece al mar

Que no necesita nada

A veces tan solo el agua

De la lluvia, nada más

 

¡Nada más y nada menos!

Me grita la voz del tango

Y las gotas de sereno

Que el cielo le suele dar

Para que siga contenta

Y que se moje el cabello

Y que este, al ser más bello

Nos llegue a enceguecer

Pa’ que nunca la veamos

Y sepamos, si sabemos

La belleza que llevamos

-esta suya, hasta siempre-

Adentro del corazón

O mejor dicho grabada

En la mente con el habla

Esa muda de palabras

Que habla solo de ser

Y que la hace mujer

Casi divina, escondida

Atrás de su rostro hermoso

O sonriente, dibujado

Concluye la voz del tango

En el lienzo de un cuadro

Que nadie supo pintar

 

 Agosto 2012

 

 

Poesía a flor de piel de Miguel Ángel Sevilla, poeta argentino

Miguel Angel SEVILLA

Poète et auteur dramatique, il est né à Tucuman, Argentine, et vit à Paris depuis 1976.

 

Publications
Théâtre :

La légende des jumeaux La collection privée du Capitaine/Les cahiers de l’Egaré, 2017
L’auteur éconduit. Pièce courte in Cervantes Shakespeare. Les Cahiers de l’Egaré, 2015.

La guerre titre provisoire. Editions de l’Amandier. 2013

Pierre Pierre le dragon. Dessins de Dana Radulescu. Editions de l’Amandier, 2012.
Tangos, slams et coplas. Editions de l’Amandier, 2010.

Khadija vient à Paris. Dessins de Dana Radulescu. Editions de l’Amandier, 2007.

Les fosses aux loups. Editions de l’Amandier, 2004. Réédition, 2011.
Alice Droz, suivi de Cléo, la substitution et Emma, Rosa, Ada. Préface de Daniel Mesguich, Editions de l’Amandier, 2001.
L’Absente. Editions Galerie Charley Chevalier 1988.


Poésie :

De la calle et del exilio (En espagnol et français). Sin Licencia Libros. 2019

L’eau m’est venue à la bouche. Editions de l’Harmattan, 2018

Ailleurs Photographies de Dominique Wallut. 2017

La guerre titre provisoire. Mise en scène Gabriel Devray. 2013

L’eau, l’autre et la guerre. Editions de L’Usine Utopik, 2010.

Gamine des rues. Editions de l’Harmattan, 1999.
R. Fragments et tableaux. Les jardins de Bazouges, 1999.
Nous n’habitons pas vraiment… Dessins Gérard Koch. Galerie Suzanne Tarasiève, 1991. 
Le nain des figuiers. Dessins Rosita Dewez Sancho. Galerie-Editions Otalia, 1990.
La forme de mon ange. Dessins F. Bouillon. La Criée, FRAC Rennes, 1987.
Le passé qui l’entoure. Dessins Rosita Dewez Sancho. Galerie Charley Chevalier, 1986.
Le rêve d’Arianne. Dessins Gérard Zlotyskamien. Institut d’Orphée, 1986.
Canto Primero. Dessins Manuel Cano del Castro. Galerie Charley Chevalier, 1978.

 

Poèmes et articles dans les revues Artère, Esprit, Les Cahiers Bleus, Plages25 (Bruxelles), North-Information (Copenhague), Piedra del Molino (Espagne).En ligne sur le BAT (Billet des Auteurs de Théâtre) et sur Littératures brèves.
 

Créations :

Poésie bancale et poèmes tangués. Avec l’auteur et Christelle Séry à la guitare. 2018.

La mémoire d’un théâtre sur le point de disparaître. Mise en scène Nathalie Sevilla. 2016.

Tangos tangués et poésie bancale. Avec l’auteur et la bandonéoniste Louise Jallu. 2014-2016

Tangos, slams et coplas. Avec l’auteur et Lucie Delahaye à la guitare. 2012-2014

Pierre Pierre le dragon. Mise en scène l’auteur. Avec Nathalie Sevilla. 2012

Tangos, slams et coplas. Avec l’auteur et Chistelle Séry à la guitare. 2008-2013

Alice Droz. Mise en scène de l’auteur. Avec Williams Mesguich et Nathalie Sevilla. Théâtre Paris-Villette 1997-1998

Khadija vient à Paris. Mise en scène de Nathalie Sevilla. 2007.

L’Amicale de locataires (Commande d’écriture). Mise en scène de Véronique Widock. 2006.
Papillons écarlates, création. Mise en scène d’Olivier Hamel. Théâtre de la Tempête. Rencontres de la Cartoucherie, 2006.
La jeune fille et la nouba (Commande d’écriture). Texte pour le concert du même nom. 2005.
La femme gaspillée (Commande d’écriture). Mise en scène de Véronique Widock. 2006.
Shîrrîne endormie (Commande d’écriture). Création de Simon Pitaqaj. 2005.
La Nouvelle Dulcinée. Mise en scène Marie Steen.Théâtre de la Tempête. Rencontres de la Cartoucherie, 2005.
Le bâton d’arara/ Récital avec l’auteur et la guitariste Christelle Séry, 2005 et 2006.
Les fosses aux loups (Fauces) (Commande d’écriture). Lasalle, Gard, 2005.
Donne-moi du feu (Commande d’écriture). Mise en scène de l’auteur. 2004.
Emma, Rosa, Ada. Mise en scène de Nathalie Sevilla avec Zobeïda et l’auteur. 2003
Cléo, la substitution. Mise en scène de l’auteur. Théâtre Paris-Villette et Médiathèque Ceccano, Festival d’Avignon 1999. Bourse de la fondation Beaumarchais.
Les Invités Manquants, mise en espace de Julia Zumina. Théâtre de la Tempête, Rencontres de la Cartoucherie, 1998.
La Traversée ou l’Archange n’est plus là. Mise en scène de Nathalie Sevilla. Avec John Arnold et Bernadette Lafont. L’Atalante 1996.
Les Enfants Terribles. Adaptation du roman de Jean Cocteau. 1993.
L’Absente/ Mise en scène de l’auteur. Avec Etienne Sandrin et Nathalie Sevilla. 1990. 

 

Lectures et mises en espace :

La légende des jumeaux. Maison de l’Amérique Latine. 2016

Le verre à pied. Mise en espace de Nathalie Sevilla. Lasalle, Gard. 2005.

Le livre de Clémence, lecture au Théâtre Paris-Villette. 2002.
La Fin de Robert Chaliot, lecture dirigée par l’auteur. Théâtre Paris-Villette, 1998.

 

Site Internet : http://aforcederever.fr/   Contact : nieva410@yahoo/fr

 

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