Poésie de Sylvie Malevergne
Sylvie Malevergne, poéte et nouvelliste et artiste peintre
"Si nos mains"
Si un beau jour, j'espère
Si une fois dans ma vie, je vies
Si tes pleurs m'alarment
Je crois que je prendrai ta main
Si la croix est ton chemin
Si l’enfer est plutôt le mien
Si je ferme les yeux, je ne suis rien
Si tu les ouvres avec les tiens
je crois que je prendrai ta main
Si main dans la main, on se tient
Si main par la main, on y arrive
Si de main en main, on se donne
Je crois que demain sera bien
Amours magiciennes
Dans les steppes d'Afrique
je serai lionne et gazelle
Au gré de cette baguette magique
je serai la bête et la belle
Dans ce désert arabique
Cachée dans tes doigts
Au gré de cette baguette magique
Ta main sera mon toit
Mais, si tes yeux se rebellent
Avant que le rideau ne choit
je serai perdue pour toi
Sous une pluie d'étincelles
Au bord de la méditerranée
je serai le rocher et la vague
Au gré de ce bâton de fée
je serai le cœur et la dague
Au bord de la mer d'Egée
je serai ton égérie
Je serai ton secret
Mais, si tes yeux divaguent
Avant la fin de la magie
Je serai ensevelie
Sous les vagues de tes sourires
Un comme Impuissance
C'est comme un torrent
De feu
Qui ronge mon cœur
le fend en deux
C’est comme le feu du canon
Qui éventre nos lendemains
A l’unisson
Dans un silence profond
Au petit matin frileux
Sans cesse coulent au loin
Les méandres couleur sang
D'une mémoire coup de poing
De sourires fielleux de cieux mourants
Mon cœur agonise par manque de soin
Mes lèvres s’endorment sous le givre blanc
C’est comme la vague à l’âme
Qui brise de ses lames
Des rochers de brumes
C’est comme une révolte de femme,
Perdue dans un océan d’énclumes.
Je t'aime
Le vent souffle
Les feuilles volent
Les éclairs s'enflamment
Avec fracas dans un ciel laiteux
Et, toi, tu regardes le feu
Qui brule dans mes yeux
L'éclat de sang de mes lèvres
Qui brulent sous cette chaleur
Tu ries et je pleure
Tu chantes et je me tais
je chante et tu me regardes
Entre nous, ce pont
Comme souffle le vent dans tes veines jeunes
Brule en moi le feu de ces éclairs enflammés
De ce ciel laiteux et glacé.
Je T'aime
Bloody stories
De marbre et de sang
J'habille mon regard
Les soirs de la ST-Jean
Quand il fait bien noir
Bloody stories
Que tremblent les intrigants
J'ennivre nul écart
Les soirs de la St-Jean
Que brûlent leurs espoirs!
Bloody stories
Mi- vampire, mi enfant
J'enivre ces vantards
Les soirs de la St-Jean
Sans laisser de pourboire.
Bloody stories
En ronde ces élégants
De vanité s'égarent
Les soirs de la St-Jean
Leur chute est ma victoire
Bloody stories!
Rouges Souvenirs Rouges
La caserne est déserte
Ses murs gris et humides
S'élèvent en dent de scie et
Crèvent, ce soir, la rondeur
De la lune
Les bottes de cuir crottées
Sont restées.
Les képis ont suivi
Les souliers vernis
Ils sont sortis.
Dehors, une paire de bottes
Crottées montent la garde.
Impatience, ennui, lassitude
Révolte, lui font faire les cent pas
A force de cent pas, elle
Fait des kilomètres et
Se souvient ses heures de combats
Le sang coule à nouveau en cauchemar
Sur ses lacets, se mélange à la boue
Une odeur nauséabonde s'échappe
L’écœurement réprimé depuis des lunes
Le submerge d'un coup
Le cuir humide serre les pieds
Dans un dernier effort, ils soulèvent
Leur ombre encore et foulent
Les anciennes illusions
Puis, écrasent celles à venir.
Les voyageurs de l'aurore
Cueillir la rosée du matin
Lorsque la nuit se lève
Frissonnante sous mon châle bleu-gris
Je me dirige vers la gare
Où sont déjà les voyageurs de l'aurore
La voix mélodieuse
De l'hôtesse virtuelle
De cette ligne, nous prévient
Du temps d'attente
Une minute, rien qu'une minute
Une minute suspendue, le temps de
Réajuster mon chapeau bleu-gris
Et, mes gants gris-bleus
Là, ça y est, la rame entre en gare
Glisse jusqu'à nous, les voyageurs
Du petit matin d'hiver
Tous s'engouffrent
La buée colle aux fenêtres
Bien fermées des wagons
Filant dans Paris
Illuminé par toutes ces lumières
Lucioles des immeubles gris- bleus
Au petit matin brumeux
Boulangeries, cafés laissent échapper
Leurs senteurs du petit déjeuner
La rame rejoint les tunnels sombres
Bientôt, l'arrivée à destination
Plus qu'une station
Comme des milliers de voyageurs
Concentrés, disciplinés, muets
Gris-bleus ou bleu-gris
Proche Inconnu
Bousculée, brassée
Entourée, encerclée
La respiration courte
Des têtes devant, derrière
Partout, aux cheveux courts, aux cheveux longs
Nos souffles s’emmêlent
Devant nos mines qui s'observent
D'un coup sec, la rame s'arrête
Tous au coude à coude, retiennent
Leur réflexe, au milieu du tunnel sombre
Des têtes partout aux cheveux courts,
Aux cheveux longs
Mon souffle balaie la mèche de mon voisin
Le plus proche
Son regard se fige dans le mien.
Enfin, la rame redémarre
Enfin, elle rejoint la station carrefour
Des têtes partout aux cheveux longs,
Aux cheveux courts, descendent,
Et, toi avec eux. En me laissant de l'espace
Je n’ai pas senti le vide, je garde ton sourire
Dans ma bulle
Roule, roule, que je me retrouve dans mon alcôve
Loin de ces têtes aux cheveux longs et aux cheveux courts.
Au Hasard Du Chemin
Un métro, un autre
Le suit, un autre encore
Quand la voix de l'hôte
Virtuel de la ligne
Cisaille le silence
Parle d'un accident
Qui interrompt le service
Panique à bord!
Quel chemin prendre sans retard
Ni délai?
Ah, nos vies ne tiennent qu'à un fil
Ou qu'à une ligne donc.
En suspens la vie de cet inconnu
En suspens mon rendez-vous futile
Comment contourner, comment choisir
Notre ligne, notre destin?
Doit-on élire notre route sans trop penser
Aux mauvais hasards, je le pense et roule métro
COURT-CIRCUIT
Je vibre électrique
Au rythme de cette mécanique
Jusqu'au point critique
De rêves sulfuriques
Où la pierre devient brique
Electrique, je vibre
J'en perds l'équilibre
Je ne suis plus libre
Donne-moi ton calibre
Ou jette dans le Tibre
Sans hésiter, je me grise
Ton souffle, ma seule brise
Sur mes lèvres, attise-les
Flammes qui m'hypnotisent
Survoltée, je court-circuite
Oh; s'unir dans cette fuite
Dans cette folle poursuite
Y aura-t-il une suite ?
oh? prions le dieu sweet
Je court-circuite survoltée
Fusibles et cœurs disjonctes
Tout espoir électrocuté
Allons, allons, faisons tout sauter
Pour oublier le filtre bleuté
Sans hésiter, je me brise
Ton souffle me grise
Attise à ta guise
Les flammes qui me maîtrisent
Sans hésiter, je te brise
Mon souffle te grise
Attise à ma guise
Les flammes qui nous maîtrisent
Poème triptyque
Poésie d'un instant
Mot du vent d'un instant
S'évanouit lentement
Dans un lointain tourment
Univers de saphirs Monde de plexiglass
Fait pour éblouir De verre et de glasses
Aux reflets de zéphires Multiforme d'espaces
Aux sons des plaisirs Tout en surfaces
Étincelle d'un soir Monde d'argile
Troublant savoir Un rien plus subtil
Éclatante ivoire Un rien plus fragile
Rebelle miroir
Bleus d'amertumes Poésie d'une heure Monde d'équilibre
Sur les bleus d'écume Brassées de fleurs Tout du même calibre
S'évaporent ces brumes A l'unisson meurent Bulle de Cuba Libre
Vers un océan de plumes A l'ombre d'une lueur Au bord du Tibre
Rires plein de couleurs
Du regrets et des pleurs
Pâles langueurs
Pourpres éclats
De rêves las
De vains tracas
S'enfuient en fracas
Croisières sur des bulles
Petit poisson dans l’eau
Je bulle triangle et isocèle
Je vous envisage dans tous vos visages
Présente dans l’absence
Je bulle notre rencontre
Comme une seconde éternelle suspendue
Entre nuages sur Terre
Je bulle carré et noctambule
Je ne vous perds de vue
Je vous offre ma source
Derrière chacune de mes images
Au grand détour du hasard
Je vous contiens dans ma mémoire
Et, je vous donne en héritage
Ces bulles triangles et isocèles
Petit poisson de lune
Je lune chacune de mes bulles
En vous offrant ces gouttelettes
Opalines comme le souvenir
Au gré des marées sans écume
Je danse dans l'eau tourbillonne
Avec vous, mes tendres qui m'honorez
De votre présence dans mon absence.
Sylvie Malevergne, poéte, "nouvelliste" et artiste peintre, commence à écrire à l'age de onze ans, d'abord des poémes et ensuite des nouvelles. Dans sa quête de l'exercice d'un art total, elle conjugue la création de dessins, peinture et écriture. Au cours des années, la création artistique devient une évidence au point de se consacrer totalement à écrire et à peindre. Quant à l'écriture, Sylvie nous explique sa démarche poétique :
- " J'écris autant au fil de mes sentiments que suivant la cascade de mes réalités et que glissant sur la rivière toujours changeante de l'émotion et de l'insolite. Réinventer est pour moi une nécessité, une bouffée d'oxygène. En fait il s'agit tout simplement de trouver ma vérité, autant dans le maniement des mots que dans le traitement du sujet d'écriture. Aussi à chaque poème, je poursuis le mot sous tous ses angles pour choisir l'exactitude et l'effet précis de l'image et de la sonorité que j'ai en tête pour mes poèmes. Ceux -ci répondent aux élans autant que mes tableaux, mes gravures et que mes sculptures qui mènent à une nouvelle interprétation de la langue écrite, de la langue poétique. Trois directions se sont imposées à moi très jeune pour l'écriture de ma poésie:
- aller vers moi
- aller vers les autres
- aller vers l'inattendu, l'étrange et bousculer les conventions poétiques "