Tiempo de tierra, poésie inédite de la poète colombienne Myriam Montoya
Nous sommes tes ailes, Ô Temps*
et nous te maintenons*
au-dessus du Chaos*
Hugo von Hofmannsthal*
Nosotros somos tus alas, Oh Tiempo
y te mantenemos
por encima del Caos
Hugo von Hofmannsthal
***
Tiempo de Tierra
aquí
pisamos tu suelo
Del abismo
en la semilla del hueso
llegamos a usufructuar
nuestro lapso de centuria
Asistimos a tu fiesta de antropofagia
a tu ballet de burbuja celeste
venimos
a saciar tu hambre de eras
mientras tu flecha
avanza indolente
acortándonos su tregua
Para arrancar secretos
hemos seguido huellas
consignado números notas
elementos alfabetos
la trayectoria de los astros
y sus algoritmos
No vivimos más de cien años
pero han sido estos nuestros fastos
en tu intervalo
sobre tu superficie
Alrededor de una hoguera
para avivar en nuestros ojos
la chispa
que en la especie toda
ingenio y alegría enciende
***
Temps de Terre
ici
nous foulons ton sol
De l’abîme
à la graine de l’os
nous arrivons pour prendre l’usufruit
de notre répit de cent ans
Nous assistons à ta fête d’anthropophage
au ballet de ta boule céleste
nous venons
rassasier ta faim des âges
tandis que ta flèche
avance indolente
en nous abrégeant sa trêve
Pour t’arracher des secrets
nous avons suivi des traces
consigné des nombres des notes
des éléments des alphabets
la trajectoire des astres
et ses algorithmes
Nous ne vivons pas plus de cents ans
mais tels sont nos fastes
dans ton intervalle
sur ta surface
Autour d’un feu
pour aviver dans nos yeux
l’étincelle
qui dans notre espèce
allume joie et génie
***
areítos en los solsticios
danzas propiciatorias de lluvia
hasta agotar las fuerzas
en cadencia
pies pisando el suelo
después de faenas vendimias y ayunos
se embriaguen mujeres y hombres
danzando hasta gravitar
como flores masculinas
de derviches giratorios
desatada su imaginación
en mascaradas
acaricien instantes
vedados por la realidad
en la hipnosis del ritmo
desaparezcan dolores
y de sus cuerpos salgan
volutas de furor
***
Areítos des solstices
danses propitiatoires pour la pluie
jusqu'à l’épuisement des forces
en cadence
pieds frappant le sol
Après le labeur des vendanges et les jeûnes
femmes et hommes s’enivrent
dansant jusqu’à ce qu’ils gravitent
comme les fleurs masculines
des derviches tourneurs
déchaînant leur imagination
en masques
ils caressent des instants
pris en chasse par la réalité
dans l’hypnose du rythme
les douleurs disparaissent
et de leur corps s’échappent
des volutes de fureur
areítos chants et danses rituels des Indiens Taïnos
durante los equinoccios
resonancias
redoblen
el vigor
El canto del pájaro
y el deslizamiento del tren
hagan viajar la dicha construida
sea un jazz la partitura del día
***
Comparsas desfilen en carruajes
como trópicos en carnaval
músicas estallen fuerzas creadoras
ríos danzantes de coreografías
avancen sobre avenidas
celebrando
los frutos del tiempo
conjurando miedos
Sea la conciencia de vida
moneda única de futuro
no vivimos más de cien años
pero en la metamorfosis
de cada estación
hagan su feria los libros
en plazas abigarradas
el poema tenga la palabra
a capela la lengua
el olvido arredre
***
Lors des équinoxes
des résonances
redouble
la vigueur
Que le chant de l’oiseau
et le glissement du train
fassent voyager une joie construite
que du jazz émerge de la partition du jour
Des cortèges défilent en carrosses
comme des tropiques au carnaval
des musiques déflagrent
forces créatrices
chorégraphies des fleuves
avançant sur des avenues
pour célébrer
les fruits du temps
en conjurant leurs peurs
Que la conscience de vie soit
monnaie unique d’avenir
nous ne vivons pas plus de cent ans
mais dans la métamorphose
de chaque saison
que les livres fassent leur foire
sur des places bigarrées
que le poème ait son mot
que la langue a capella
fasse reculer l’oubli
***
en clave de sol orquestas
interpreten del universo
su rock sinfónico restalle
en nuestro pálpito
su percusión
en las bodas del amor
gritos apaches inciten a los novios
lianas del deseo
sus únicas ataduras
pródigos de pasión también nosotros
nos reanudemos en las pieles
la risa de las flores
propague su color
magnético sea el árbol en su vacilación
e irisadas nazcan las sombras
en el viento las sonrisas
como mariposas y colibríes vuelen
en el jardín de las generaciones
sobre el cuerpo y los campos
hile la gota con sus filamentos
el tejido que nos regenera
dulce
agua
lluvia
nube migratoria
que el perfume de la pomarrosa
se difunda en todos los confines
y frugal sea cada día el festín de todo ser
sobre tu seno
***
Parfois encore en clef de sol des orchestres
interprètent
un rock symphonique
de l’univers
Que nous cingle
de ses battements
sa percussion
Qu’aux noces de l’amour
des youyous encouragent les amants
les lianes du désir
leurs seules attaches
Prodigues de passion nous aussi
nous renouons peau à peau
Que le rire des fleurs
propage sa couleur
et magnétique soit l’arbre dans ses vacillations
Que les ombres naissent irisées
Que dans le vent les sourires
volent comme papillons et colibris
jusqu’au jardin des générations
Sur le corps et les terres
la goutte avec ses filaments
élabore le tissu qui nous régénère
douceur
eau
pluie
nuage migratoire
Que le parfum de la jamerose
se diffuse aux quatre coins du monde
et qu’il soit frugal le festin quotidien
des êtres sur ton sein
***
antes de que sea demasiado tarde
la embriaguez psicotrópica
nos haga viajar años luz
sin escafandras gravitar
explorando firmamentos
junglas
y océanos subcutáneos
dormir
en la crisálida
y a merced de cada instante
errar en circunvoluciones
a salvo de toda guerra y ley
sobre paisajes estereoscópicos
anubarrados de silencio
navegar
dormir
pero despertar
tocar tierra firme
tocar madera
tocar piel
recorrer espacio
aire beber
sobre la hierba
de sol
bañarnos
y en el acto de la voz
gozar de la profundidad del otro
***
Avant qu’il ne soit trop tard
que l’ivresse psychotrope
nous fasse voyager des années lumière
graviter sans scaphandre
explorant ciels
jungles
et océans sous la peau
dormir
dans cette chrysalide
au caprice de chaque instant
errer en circonvolutions
Épargnés de toute guerre de toute loi
au-dessous de paysages stéréoscopiques
ennuagés de silence
naviguer
Dormir
mais plus tard se réveiller
toucher terre
toucher bois
toucher peau
parcourir l’espace
boire l’air
Dans l’herbe
nous baigner
de soleil
et dans l’acte du dire
jouir de la profondeur de l’autre
***
sueño no es la vida
en la espera viajamos
con la piedra y el prisma
con los elementos y la palabra
con metal y arcilla
con cuerdas y cueros
transformamos el tiempo
belleza arrancamos
búsqueda de verdad
síncopa que arrecia
la vibración del cuerpo
***
la vie n’est pas un songe
dans l’attente nous voyageons
avec pierre et prisme
avec les éléments et la parole
avec métal et argile
avec les cordes et les tambours
nous transformons le temps
nous emparons de la beauté
quête de vérité
syncopes qui décuplent
la vibration du corps