Le Septième Ciel : un habitant littéraire de Paris
Par Yves Moñino
Efer Arocha, Julio Olaciregui et Yves Monino
Je tiens à dire, en guise de préambule, que j’ai éprouvé un grande jouissance en traduisant le roman de Fabio Martínez, et combien je suis reconnaissant à ma mie, Carolina Ortiz Ricaurte, de m’avoir aidé dans la compréhension de certains termes et expressions d’espagnol colombien et particulièrement ceux propres à la région de Cali. Et c’est avec un plaisir non dissimulé que je vais vous parler, non des affres du traducteur, mais du contexte du livre.
La présentation à Paris de la nouvelle édition, bilingue, d’Un habitant du Septième Ciel, de Fabio Martínez, coïncide avec le 140e anniversaire de la Commune, qui a vu le prolétariat parisien se lancer « à l’assaut du ciel », selon le mot de Karl Marx.
Le Septième Ciel de Martínez est la métaphore d’un ciel moins engageant, celui des chambres de bonnes avec vécés sur le palier, ces chambras (en « fragnol » dans le texte), où s’entassaient les prolétaires du Tiers Monde parisien des années Mitterrand, après la quasi disparition des bonnes espagnoles que Philippe Le Guay a mis récemment en scène dans son film Les femmes du 6e étage, dont l’action se déroule au cours des années De Gaulle. Le livre de Martínez s’inscrit ainsi dans une longue histoire littéraire de la ville, qui célèbre en vers comme en prose la géographie de ses quartiers et de ses monuments, les occupations et les mœurs de ses habitants et ses transformations.
Cette histoire commence au IIe siècle, avec l’empereur philosophe Julien l’Apostat, neveu de Constantin, qui entre deux batailles outre-Rhin contre les Germains, aimait venir se reposer dans le palais des Thermes de Lutèce, cette petite ville gallo-romaine que l’on commence alors à nommer Civitas Parisii, la cité des Parisiens, une des nombreuses tribus de la Gaule. Julien est le premier d’une cohorte de piétons littéraires amoureux de Paris : il évoque dans Misopogon l’île de la Cité peuplée d’indigènes gaulois et la rive gauche des colons et fonctionnaires romains ; il vante la douceur des saisons, la limpidité de l’eau de la Seine, « aussi pure qu’agréable à boire », ses excellents vignobles et surtout, les mœurs rustiques de ses habitants : « je me trouvai chez les plus belliqueuses et les plus vaillantes des nations, ou l'on ne connaît Vénus conjugale et Bacchus qui donne l'ivresse, qu'en vue du mariage et de la reproduction de l'espèce ou de la quantité de vin qu'il faut à chacun pour étancher sa soif. Là, jamais l'impudence et l'obscénité qu'on voit sur vos théâtres… ».
Je passe sur les chroniques des historiens médiévaux de la Cour et sur les Journaux des bourgeois de Paris du Moyen-Âge, qui sont des documents passionnants mais ne concernent que peu la littérature, pour arriver au Paris de la Renaissance vu par nos deux plus grands astres littéraires, Villon et Rabelais. Le Parisien de souche qu’est Villon vit sa ville et la décrit peu ; mais sa voix unique contre l’injustice est celle des gueux, étudiants et marginaux de la ville, une voix moqueuse et cruelle envers les autorités, la police, les ecclésiastiques, les bourgeois et les usuriers, une voix de la dérision parisienne face l’angoisse de la mort ; la veille du jour où il devrait être pendu, il écrit :
« Et de la corde d'une toise (Et de la corde d’une toise
Saura mon col que mon cul poise » Saura mon cou ce que mon cul pèse)
Martínez invoque les mânes de Villon lorsque son antihéros dépressif passe par l’emplacement de la prison du Châtelet, reculant de pont en pont sa ferme résolution de se jeter dans les eaux dégoûtantes de la Seine.
Quant aux héros de Rabelais, ils sont loin du tragi-comique. Si le géant Gargantua ne séjourne que peu dans la capitale, juste le temps d’y prendre les cloches de Notre-Dame pour les mettre au cou de sa jument, son fils Pantagruel s’égaie avec Panurge entre la Cité et le Quartier Latin, jouant mille tours pendables aux clercs, avocats, dames de la haute société parisienne et docteurs de la Sorbonne, qui, aujourd’hui comme alors, est une fabrique de miséreux cultivés. Rabelais ignore royalement les quartiers du pouvoir royal, du négoce et du gibet, qui s’étaient développés sur la rive droite durant le Moyen-Âge, autour du Louvre et du marché des Halles. Notre François restitue avec truculence la vie des potaches d’alors, peu différente de celle des sud-américains du Paris de 1980 dont les colombianadas, ces espiègleries transgressives qui sont un mode de (sur)vie, sont joyeusement évoquées par Martínez.
C’est à la fin du XVIIIe siècle que commencent les descriptions détaillées de la capitale et de ses habitants. Louis Sébastien Mercier, écrivain prolixe, dépeint de façon très vivante, quoique moralisante, dans les 12 volumes de son Tableau de Paris et dans les 6 du Nouveau Paris, les us et coutumes de la rue et du petit peuple parisiens juste avant et pendant la Révolution de 1789.
La « capitale du XIXe siècle », selon l’expression du philosophe Walter Benjamin, devient alors un personnage littéraire autonome, un sujet d’intrigue ou d’états d’âme chez Stendhal, Balzac, Baudelaire, Hugo, Zola et Vallès. Stendhal se limite aux beaux quartiers, ceux des affaires et des plaisirs de la bourgeoisie libérale de la rive droite, et des salons rive gauche de l’aristocratie du Faubourg Saint Germain. Il est le premier d’une longue série de provinciaux, et plus tard d’étrangers, attirés par la capitale : « Tout ce qui a un peu d’énergie à Paris est né en province et en débarque à dix-sept ans ». Il a décrit, à travers Julien Sorel dans le Rouge et le Noir et dans son autobiographie, la solitude du provincial parisien : « Vous êtes toujours un étranger à Paris », ses espoirs, ses déceptions et ses réussites. De ce point de vue, Sorel est bien l’ancêtre littéraire des Rastignac et des Rubempré de Balzac, et de Román Velásquez, le héros de Martínez découvrant, arpentant et s’appropriant la ville. Mais le Paris de Balzac est plus ample que celui de Stendhal : sous la ville légère des Lumières, il découvre l’enfer social qu’y détermine la lutte pour la vie, et le monde jusqu’alors souterrain des classes « laborieuses et dangereuses ». Balzac ouvre le chemin où vont s’engouffrer Eugène Sue, Hugo et Zola : la ville est un monstre délicieux, dont « chaque homme, chaque fraction de maison est un lobe de tissu cellulaire de cette grande courtisane de laquelle [nous connaissons] parfaitement la tête, le cœur et les moeurs fantasques » ; son grenier est « une espèce de tête pleine de science et de génie », le premier étage « un estomac heureux », la boutique « de véritables pieds ; de là partent tous les trotteurs, tous les affairés » ; Paris est un « sublime vaisseau chargé d’intelligence, une ruche bourdonnante, avec ses rues assassines, les rues ouvrières, travailleuses, mercantiles, les rues plus vieilles que de vieilles douairières ne sont vieilles » (Ferragus).
Pour le Parisien Baudelaire, la ville-catin est passée au crible de ses sensations et du spleen de sa vie bohême de dandy camé :
Le coeur content, je suis monté sur la montagne
D'où l'on peut contempler la ville en son ampleur,
Hôpital, lupanars, purgatoire, enfer, bagne,
Où toute énormité fleurit comme une fleur. […]
Mais comme un vieux paillard d'une vieille maîtresse,
Je voulais m'enivrer de l'énorme catin
Dont le charme infernal me rajeunit sans cesse. […]
Que tu dormes encor dans les draps du matin,
Lourde, obscure, enrhumée, ou que tu te pavanes
Dans les voiles du soir passementés d'or fin,
Je t'aime, ô capitale infâme! Courtisanes
Et bandits, tels souvent vous offrez des plaisirs
Que ne comprennent pas les vulgaires profanes.
(Baudelaire, « Épilogue », Le spleen de Paris)
Dans les pièces des Tableaux de Paris, Baudelaire exprime la nostalgie de la ville d’avant 1848, défigurée par les coups de pioches de Haussmann, le préfet de Napoléon III, qui allait transformer de fond en comble l’aspect de la capitale. Martínez, dans ce qui fut son premier roman plein de réminiscences baudelairiennes, dont l’inévitable pèlerinage au cimetière Montparnasse sur la tombe du poète, mêle ainsi la description de la ville aux sensations qu’elle engendre, et aux états d’âme sous l’effet de la piquette et du haschisch. Mais Martínez est à l’opposé du dégoût des foules et des pauvres qu’exprime fréquemment Baudelaire, et que l’on retrouvera, dans le même registre provocateur, chez un autre écrivain colombien, Fernando Vallejo.
La fascination littéraire envers les classes populaires et dangereuses de Paris culmine avec Sue et Hugo. Le premier, qui explore les bas-fonds de la capitale dans les Mystères de Paris avec ses assassins et prostituées amenés à résipiscence chrétienne, souffre d’un paternalisme rédempteur inspiré par les enquêtes des philanthropes et des réformateurs bourgeois libéraux de l’époque, paternalisme que Marx tourne magistralement en dérision dans La Sainte Famille à propos des personnages du célèbre roman-feuilleton. Les Misérables de Hugo avec sa cour des Miracles, ses égouts, ses gamins et ses anciens bagnards, tombe en partie dans ce travers, mais en donnant à l’argot ses premières lettres de noblesse et surtout en centrant de son roman fleuve autour de l’insurrection de 1832, Hugo fait entrer en littérature le peuple agent de son destin et la barricade où meurt Gavroche. Quant à Zola, il décrit en sociologue inspiré avant l’heure l’épopée des transformations du Paris haussmannien : L’argent sur la Bourse, Le ventre de Paris sur les Halles, Pot-bouille sur les classes moyennes des immeubles des nouveaux boulevards percés par le préfet et Au Bonheur des Dames sur le développement des grands magasins. Cependant, ses romans sur les classes populaires, à l’exception de Germinal qui ne concerne pas Paris, sont encore entachés d’une conception paternaliste du peuple ouvrier : L’assommoir s’étend complaisamment sur le fléau de l’alcoolisme ouvrier et Nana sur l’ascension et surtout la déchéance d’une cocotte du IInd Empire. Il faudra attendre Rimbaud, et surtout Vallès, pour réentendre la voix propre des gueux qui avait percé au XVe siècle avec Villon.
Rimbaud est l’un des rares hommes de lettres à avoir pris parti pour la Commune, notamment dans ses deux éblouissants poèmes « Chant de guerre parisien » du 15 mai 1871, juste avant la Semaine Sanglante, et « L'orgie parisienne ou Paris se repeuple » écrit juste après. Le premier célèbre la joyeuse fête du printemps révolutionnaire en écorchant la poésie bucolique et sentimentale des romantiques et des parnassiens :
Le Printemps est évident, car
Du coeur des Propriétés vertes,
Le vol de Thiers et de Picard
Tient ses splendeurs grandes ouvertes !
Ô Mai ! quels délirants culs-nus !
Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières,
Ecoutez donc les bienvenus
Semer les choses printanières ! […]
La grand ville a le pavé chaud
Malgré vos douches de pétrole,
Et décidément, il nous faut
Vous secouer dans votre rôle…
Le second est un cri de dégoût et de rage contre les Versaillais et un hommage au Paris des 20 000 morts de la Semaine Sanglante :
Ô coeurs de saleté, bouches épouvantables,
Fonctionnez plus fort, bouches de puanteurs !
Un vin pour ces torpeurs ignobles, sur ces tables...
Vos ventres sont fondus de hontes, ô Vainqueurs ! […]
Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques,
Qu'est-ce que ça peut faire à la putain Paris,
Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques ?
Elle se secouera de vous, hargneux pourris !
Et quand vous serez bas, geignant sur vos entrailles,
Les flancs morts, réclamant votre argent, éperdus,
La rouge courtisane aux seins gros de batailles
Loin de votre stupeur tordra ses poings ardus ! […]
Quoique ce soit affreux de te revoir couverte,
Ainsi ; quoiqu’on n'ait fait jamais d’une cité
Ulcère plus puant à la Nature verte,
Le Poète te dit : « Splendide est ta Beauté ! » […]
L’habitant du Septième Ciel de Martínez a des accents rimbaldiens, certes moins violents que ceux du poète d’Une saison en enfer ; l’identification du héros de Martínez aux humiliés et offensés du Paris de 1981, les Arabes, Noirs, Latinos ou Françaises de souche qu’il côtoie dans ses chambras, s’exprime avant tout avec tendresse et humour. Il structure le roman en saisons qu’il décrit avec l’œil neuf d’un homme des Tropiques, dans leurs effets physiques, sur les paysages urbains, et mentaux, sur les états d’âme des habitants : c’est ainsi qu’après un été radieux, temps de la découverte, de l’émerveillement et de l’étonnement devant les us exotiques des indigènes du lieu, qu’après un automne flamboyant, temps de l’adaptation progressive à la ville, vient l’invierno, l’hiver, à peine travesti en infierno, l’enfer, temps du recroquevillement, de la déprime et de la défonce. Le printemps voit le retour du héros au pays, et ce cycle initiatique est une quête spirituelle de même ordre que la Saison en Enfer de Rimbaud.
J’ai nommé Vallès, le révolté qui tourne révolutionnaire : une enfance provinciale à coups de trique, ployée sous le joug de la tyrannie paternelle et maternelle, une jeunesse républicaine de bachelier pauvre à se morfondre après l’espoir écrasé de la révolution ouvrière de juin 1848, une vie parisienne de petits boulots sous le second Empire, un début de succès journalistiques et littéraires ponctués de jalousies envers la gloire de Baudelaire, qu’il détestait, et de bouffées d’arrivisme tournées en dérision, de saisies de son journal La Rue, de séjours en prison. Vient le temps de l’insurgé, du membre du gouvernement de la Commune, laquelle le paie enfin de l’oppression des 20 ans de l’Empire, du directeur du Cri du Peuple qui tirera à 100 000 tous les jours dans Paris bombardé par les canons de Versailles, du défenseur de « la liberté sans rivages » pour les journaux hostiles qui continuent de paraître dans la ville, du combattant jusqu’à la dernière barricade de la rue de Belleville, le 28 mai. Et c’est l’exil et la misère, 10 ans dans le smog de Londres, avant de revenir à Paris en 1880, après l’amnistie des Communards décrétée par la république radicale, et d’être enfin reconnu comme un grand écrivain du peuple. Son cercueil sera suivi par 100 000 prolétaires, dont une délégation d’ouvriers allemands qu’il faudra protéger de l’agressivité chauvine des fils à papa du Quartier Latin. Vallès raconte tout cela (hors l’enterrement, bien sûr, relaté par la grande Séverine) dans sa Trilogie, dans une langue neuve, fraîche et nerveuse, très dialoguée, sans fioritures, ironique et mordante ; il dépeint les sensations, les sentiments et les idées qui jaillissent du corps et des situations de ses personnages. Il n’écrit pas sur le peuple de Paris, mais de l’intérieur du peuple dont il partage les aspirations, la gouaille, les joies et les peines. Dans son Tableau de Paris, ensemble de chroniques sur la ville des années 1880, son intention est de « peindre la ville comme elle est, et de la mouler avec ses bosses et ses creux, ses reliefs de chair et de bois, sans trier les glorieux et les parias ». Il décrit en promeneur et reporter infatigable les habitants des quartiers et les passants des rues, les enfermés des prisons et des asiles de fous, le public des foires, des théâtres et des cafés-concerts, et les fêtes populaires, notamment la célébration du 14 juillet et ses bals de quartier. Martínez est aussi héritier de Vallès, par la vitalité et la simplicité de sa prose.
Je passerai plus rapidement sur les visions littéraires de Paris du pourtant très riche XXe siècle, parce qu’il est plus connu et proche de nous. Parmi les lieux et les gens auxquels se sont attachés les écrivains français, je mentionnerai bien sûr les salons de la Recherche de Proust et les HLM en lisière de Paris du Voyage de Céline, les rêveries d’Aragon dans les passages couverts du Paysan de Paris, l’exotisme des ruelles obscures peuplés de criminels et des prostituées de Jésus la Caille ou de L’homme traqué (Carco), la bohême montmartroise du Quai des brumes (Mac Orlan), le quai des Orfèvres et les Maigret du Belge Simenon, les fortifications et leurs Apaches argotiers de La loi des rues (Auguste Le Breton), chacun des 20 arrondissements de la ville dans les Nouveaux mystères de Paris de Malet, la ville burlesque des Exercices de style et de Zazie dans le métro (Queneau), la cité onirique et mystérieuse des romans de Modiano, l’anatomie d’un immeuble parisien et des habitants de La vie mode d’emploi (Perec), la saga historique de Merle, notamment Paris ma bonne ville au temps de la Saint Barthélemy, les massacres plus récents mais tout aussi parisiens d’Algériens en 1961 dans Meurtres pour mémoire et l’exhibition zoologique des Kanaks au Bois de Vincennes de l’Exposition coloniale de 1931 dans Cannibale (Daeninckx). Au XXIe siècle, enfin, le peuple des banlieues et des cités du 93 fait irruption avec Faïza Guène, dans Kiffe kiffe demain, Du rêve pour les oufs et Les gens du Balto. Il était temps. Temps de revigorer une société française tétanisée et une littérature trop souvent nombriliste, avec des jeunes à la plume critique et d’origines diverses, héritiers du peuple français qui depuis 1789 aspire en toute liberté à l’égalité et à la fraternité.
Une des grandes nouveautés du XXe siècle littéraire de Paris a été l’arrivée d’étrangers qui ont posé des regards neufs sur la Ville Lumière. Ni l’Arc de triomphe d’Eric Maria Remarque, qui dépeint la vie des exilés allemands en butte à l’hostilité de la République Française en 1938, ni les auteurs russes comme Berdaïev (Le destin de Paris), Ehrenbourg (Mon Paris, La chute de Paris) ou Bounine (Dans Paris, 1940) ne semblent avoir eu d’influence sur l’écriture de Fabio Martínez, non plus, de façon plus surprenante, que le Péruvien César Vallejo, dans ses Crónicas de París écrites dans les années 30. Hemingway, avec Paris est une fête, a par contre manifestement alimenté le songe de Fabio Martínez de venir étudier dans la capitale, ainsi que le sens qu’il donne à son séjour : de Paris, « on sort enrichi pour agir dans l’autre ville que l’on a investie de ses rêves ». L’Argentin Cortázar, lui, est devenu Parisien mais Rayuela (Marelle), est le livre de l’exil entre terre et ciel, entre paradis et enfer qui offre au lecteur de nouvelles façons de lire. Plus récemment, en 2005, le Colombien Santiago Gamboa, dans Le syndrome d’Ulysse, décrit la vie du prolétariat du Tiers-monde francilien qui ne réside plus du tout dans la ville intra muros comme au temps de Martínez. Gamboa brosse, à travers les rencontres de quelques migrants venus des quatre coins de la planète, un tableau fouillé de l’exploitation, de la solitude, de la misère et du courage des travailleurs en région parisienne.
Le poète argentin Roberto Juarroz a écrit cette « goutte de lumière » : la realidad para ser necesita la imaginación, « pour que la réalité soit, elle requiert l’imagination ». À cette trop brève et bien incomplète histoire du Paris imaginé par les écrivains et les poètes, le roman des aventures de Román Velásquez apporte une veine picaresque, qui depuis le Lazarillo de Tormes met en scène des antihéros de condition marginale exerçant avec humour la débrouillardise dans leurs relations avec des milieux sociaux divers. Martínez renouvelle le genre en intégrant les écrivains et les poètes du sublime et du sordide entremêlés, et les échos de la gaîté vitale de Vallès, du spleen de Baudelaire et de la soif de réussir de Rastignac, retentissent dans l’exclamation d’un des compères de la bande d’étudiants du roman, dont le jeu intraduisible sur le mot parís, « t’accouches » en espagnol de Cali, résume la cité rêvée de l’auteur : Aquí París o te reventás « À Paris, t’accouches ou tu crèves ! ».
Villejuif, 30 floréal 219 de l’ère républicaine (19 mai 2011 de l’ère vulgaire)
El Séptimo Cielo : un habitante literario de París
Yves Moñino
Quiero expresar, a modo de preámbulo, el gozo que sentí al traducir la novela de Fabio Martínez y también agradecer a mi amada, Carolina Ortiz Ricaurte, por su ayuda en la comprensión de varios términos y expresiones de español colombiano, particularmente los que se usan en la región de Cali. Y es con un placer no disimulado que voy a hablarles, no del gozo ni de los tormentos del traductor, sino del contexto literario del libro.
La presentación en París de la nueva edición, bilingüe, de Un habitante del Séptimo Cielo, de Fabio Martínez, coincide con el 140° aniversario de la Comuna, que vio el proletariado parisino lanzarse « al asalto del cielo », según la expresión de Carlos Marx.
El séptimo cielo de Martínez es la metáfora de un cielo menos atractivo, el de los cuartos de muchachas con baño en el rellano, esas « chambras » (en « frañol » en su texto), donde se apiñaban los proletarios del Tercer Mundo parisino de los años Mitterrand, después de la desaparición de las muchachas de servicio españolas que Philippe Le Guay ha hecho revivir hace poco en su película Las mujeres del sexto piso, cuya acción se pasa en los años de De Gaulle. El libro de Martínez se inscribe así en una larga historia literaria de la capital francesa, que celebra en versos como en prosa la geografía de sus barrios y monumentos, las ocupaciones y las costumbres de sus habitantes, y sus transformaciones.
Esta historia se inicia en el siglo II, con el imperador filósofo Juliano el Apóstata, quien entre dos batallas más allá del Rin contra los Germanos, gustaba de venir a descansar en Lutecia, la pequeña ciudad galoromana que empezaban a llamar Civitas Parisii, la ciudad de los Parisienses, una de las muchas tribus de Galia. Juliano es el primero de una legión de peatones literarios enamorados de París : evoca en su Misopogon la isla de la Cité poblada de indígenas galos y la orilla izquierda de colonos y funcionarios romanos ; alaba la suavedad de las estaciones, la nitidez del agua del Sena, « tan pura como agradable de beber », sus excelentes viñedos y sobre todo las costumbres rústicas de sus habitantes : « estoy entre las más belicosas y más valientes naciones, donde sólo se conoce a Venus conyugal y a Baco que da la ebriedad en vistas del matrimonio y de la reproducción de la especie o de la cantidad de vino que cada cual necesita para apagar su sed. Acá, ninguna impudencia ni la obscenidad que se ve en vuestros teatros… ».
No me detengo en las crónicas de los historiadores medievales de la Corte ni en los diarios de los burgueses de París de la Edad Media, que son documentos apasionantes pero que conciernen poco la literatura, para llegar al París renacentista de los dos más brillantes astros de las letras francesas, François Villon y François Rabelais. Villon, parisino de cepa, vive su ciudad y poco la describe, pero su voz contra la injusticia es la de los andrajosos estudiantes y marginados de la ciudad, una voz burlona y cruel con las autoridades, la policía, los eclesiásticos, burgueses y usureros, una voz de la irrisión parisina frente a la angustia de la muerte ; la víspera del día en que hubiera debido ser ahorcado, escribe :
« Et de la corde d'une toise Y de la soga de una toesa[1]
Saura mon col que mon cul poise » sabrá mi cuello lo que mi culo pesa
Martínez invoca los manes de Villon cuando su antihéroe deprimido, aplazando de puente en puente su firme resolución de echarse a las asquerosas aguas del Sena, pasa por la desaparecida cárcel del Châtelet.
Los héroes de Rabelais están lejos de lo tragicómico. Si el gigante Gargantúa pasa por la capital sólo para robar las campanas de Notre-Dame y colgarlas al cuello de su yegua, su hijo Pantagruel se divierte con Panurgo entre la Cité y el Barrio Latino, dando mil jugarretas a los clérigos, abogados, damas de la alta sociedad parisina y doctores de la Sorbona, que hoy como en aquel entonces, es una fábrica de famélicos cultos. Rabelais ignora olímpicamente los barrios del poder real y del negocio que se habían desarrollado en la orilla derecha del río durante la Edad Media, alrededor del Louvre y del mercado Les Halles. Nuestro François restituye con exuberancia la vida de los colegiales de entonces, poco diferente de la de los estudiantes suramericanos del Paris de los 1980, cuyas « colombianadas » transgresivas como estilo de supervivencia son alegremente evocadas por Martínez.
Es a finales del siglo XVIII que aparecen las descripciones detalladas de la capital y de sus habitantes. Louis Sébastien Mercier, escritor prolijo, pinta de manera muy viva aunque moralizante, en los 12 tomos de su Cuadro de París y en los 6 del Nuevo Paris, los usos y costumbres de la calle y del pueblo parisinos justo antes y durante la Revolución de 1789.
La « capital del siglo XIX », según la expresión del filósofo Walter Benjamin, se vuelve entonces un personaje literario autónomo, un sujeto de intriga o de estados de ánimo en Stendhal, Balzac, Baudelaire, Hugo, Zola y Vallès. Stendhal se limita a los barrios ricos, los del negocio y de los placeres de la burguesía liberal, y de los salones de la aristocracia del Faubourg Saint Germain. Es el primero de una larga serie de provincianos y más tarde de extranjeros, atraidos por la capital : « Todo lo que tiene un poco de energía en París nació en provincia y desembarca a los diecisiete años ». Describió, a través de Julien Sorel en Rojo y Negro y en su autobiografía Vida de Henry Brulard, la soledad del provinciano parisino (« Uno siempre es un extranjero en París »), sus esperanzas, decepciones y éxitos. Desde este punto de vista, Sorel es el ancestro literario de los Rastignac y Rubempré de Balzac, y de Román Velásquez, el héroe de Martínez que descubre, recorre y se adueña de la ciudad. Pero el París de Balzac es más amplio que el de Stendhal : debajo de la ciudad liviana de las Luces, revela el infierno social que determina en ella la lucha por la vida, y el mundo subterráneo de « las clases laboriosas y peligrosas[2] ». Balzac abre el camino que van a seguir Eugène Sue, Victor Hugo y Zola : la ciudad es para Balzac un monstruo delicioso, de que « cada hombre, cada fracción de casa es un lóbulo de tejido celular de esta gran cortesana de quien [conocemos] perfectamente la cabeza, el corazón y las costumbres caprichosas » ; su desván es « una especie de cabeza llena de ciencia y de genio », el primer piso[3] « un estómago feliz », la tienda « verdaderos pies ; de ella parten todos los andadores, todos los atareados » ; París es una « sublime nave cargada de inteligencia, una colmena zumbadora con sus calles asesinas, las calles obreras, trabajadoras, mercantiles, las calles viejas como viejas viudas ricas no son viejas » (Ferragus, traducción mía).
El parisino Baudelaire pasa la ciudad ramera por el filtro de sus sensaciones y del spleen de su vida bohemia de dandy trabado (enlace en francés en http://baudelaire.litteratura.com/?rub=oeuvre&srub=pop&id=6&s=1 > Epilogue) :
Le coeur content, je suis monté sur la montagne
D’où l’on peut contempler la ville en son ampleur,
Hôpital, lupanars, purgatoire, enfer, bagne,
Où toute énormité fleurit comme une fleur. […]
Que tu dormes encor dans les draps du matin,
Lourde, obscure, enrhumée, ou que tu te pavanes
Dans les voiles du soir passementés d’or fin,
Je t’'aime, ô capitale infâme! Courtisanes
Et bandits, tels souvent vous offrez des plaisirs
Que ne comprennent pas les vulgaires profanes.
En las obras de los Cuadros de Paris, Baudelaire expresa una nostalgia de la ciudad anterior a 1848, desfigurada por los picazos de Haussmann, el prefecto de Napoleon III, que iba a transformar de arriba abajo el aspecto de la capital. Martínez, en su novela llena de reminiscencias baudelairianas como el inevitable peregrinaje al cementerio Montparnasse sobre la tumba del poeta, mezcla así la descripción de la ciudad con las sensaciones que provoca, y con los estados de ánimo bajo los efectos del vinucho y del hachís. Pero Martínez está en el lado opuesto al asco a las multitudes y a los pobres que expresa con frecuencia Baudelaire, y que se transmitirá, en el mismo registro provocador, a otro escritor colombiano, Fernando Vallejo.
La fascinación literaria para las clases populares y peligrosas de París culmina con Eugène Sue y Victor Hugo. El primero, quien explora los bajos fondos de la capital en los Misterios de París con sus asesinos y prostitutas cristianamente arrepentidos, sufre de un paternalismo redentor inspirado por las encuestas de los filántropos y reformadores burgueses liberales de la época, paternalismo del que Marx se burla jocosamente en La Sagrada Familia a propósito de los personajes de la famosa novela por entregas. Los Miserables de Hugo con su Corte de los Milagros, sus alcantarillados, sus gamines y ex presidiarios, cae en parte en este defecto, pero al dar al argot sus primeras letras de nobleza y sobre todo al centrar la saga alrededor de la insurrección de 1832, Hugo hace entrar en literatura el pueblo agente de su destino y la barricada, donde muere Gavroche. En cuanto a Zola, describe como precursor inspirado de la sociología la epopeya de las transformaciones del París de Napoleón III (El dinero sobre la Bolsa, El vientre de París sobre los Halles, Pot-bouille sobre las clases medias de los edificios de los nuevos bulevares abiertos por Haussmann y A la dicha de las damas sobre el desarrollo de los grandes almacenes. Sin embargo, sus novelas sobre las clases populares, excepto Germinal que no concierne París, aún están afectadas por una concepción paternalista del pueblo obrero : La taberna se extiende con cierta condescendencia sobre el flagelo del alcolismo obrero y Nana sobre la ascensión y sobre todo la caida de una mantenida del Segundo Imperio. Habrá que esperar a Rimbaud y a Jules Vallès, para volver a oir la voz propia de los andrajosos que se había manifestado en el siglo XV con Villon.
Rimbaud es uno de los pocos hombres de letras que tomó partido a favor de la Comuna, en particular en sus dos deslumbrantes poemas « Canto de guerra parisino » del 15 de mayo de 1871, justo antes de la Semana Sangrienta, y « La orgía parisina o París se repobla » escrito justo después. El primero celebra la alegre fiesta de la primavera revolucionaria al tiempo que maltrata la poesia bucólica y sentimental de los románticos y parnasianos (enlace web en francés en http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/ > teclar el nombre del autor y el título del poema). El segundo es un grito de asco y de rabia contra los versalleses y un homenaje al París de los 20 000 muertos de la Semana Sangrienta (mismo enlace) :
Ô coeurs de saleté, bouches épouvantables,
Fonctionnez plus fort, bouches de puanteurs !
Un vin pour ces torpeurs ignobles, sur ces tables...
Vos ventres sont fondus de hontes, ô Vainqueurs ! […]
Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques,
Qu'est-ce que ça peut faire à la putain Paris,
Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques ?
Elle se secouera de vous, hargneux pourris !
Et quand vous serez bas, geignant sur vos entrailles,
Les flancs morts, réclamant votre argent, éperdus,
La rouge courtisane aux seins gros de batailles
Loin de votre stupeur tordra ses poings ardus ! […]
Quoique ce soit affreux de te revoir couverte,
Ainsi ; quoiqu’on n'ait fait jamais d’une cité
Ulcère plus puant à la Nature verte,
Le Poète te dit : « Splendide est ta Beauté ! » […]
El habitante del Séptimo Cielo de Martínez tiene acentos rimbaldianos, desde luego menos violentos que los del poeta de Una temporada en el infierno ; la identificación del héroe de Martínez con los humillados y ofendidos del París de 1981, los árabes, negros, latinos o francesas de cepa a quienes frecuenta en las « chambras », se expresa antes que todo con ternura y humor. El autor estructura la novela en estaciones, descritas con el ojo nuevo de un hombre del Trópico, en sus efectos físicos sobre los paisajes urbanos, y mentales sobre los estados de ánimo de los habitantes : después de un verano radiante, temporada del descubrimiento, de la admiración y del asombro ante los usos exóticos de los nativos, después de un otoño resplandeciente, tiempo de la adaptación progresiva a la ciudad, viene el invierno-infierno, estación del ensimismamiento, de la depre y del « mal viaje ». La primavera ve el regreso del héroe al país, y este ciclo iniciático es una búsqueda espiritual del mismo orden que la de Una temporada en infierno de Rimbaud.
He nombrado a Jules Vallès, el rebelde que se convierte en revolucionario : una niñez provinciana a garrotazos, doblegada bajo el yugo de la tiranía paterna y materna, una juventud republicana de bachiller pobre y aburrido después de la esperanza pisoteada de la revolución obrera de junio de 1848, una vida parisina de trabajitos bajo el Segundo Imperio, un comienzo de éxitos periodísticos y literarios marcados por una envidia de la gloria de Baudelaire, que detestaba, de arranques de arribismo objetos de burla a sí mismo, de confiscaciones de su diario La Calle, de temporadas en la cárcel. Llega el tiempo del insurrecto, miembro del gobierno de la Comuna, director de El Grito del Pueblo que vende 100 000 ejemplares cada día en París bombardeado por los cañones de Versalles, defensor de « la libertad sin orillas » para la prensa hostil a la Comuna que sigue publicándose en la ciudad, combatiente hasta la última barricada de la calle de Belleville, el 28 de mayo. Luego viene el exilio y otra vez la miseria, 10 años en el smog de Londres, antes del regreso a París en 1880, con la amnistía de los comunalistas votada por la república radical, y del reconocimiento como escritor del pueblo. 100 000 proletarios seguirán su ataúd, entre ellos una delegación de obreros alemanes quienes habrá de proteger de la agresividad chovinista de los señoritos del Barrio Latino. Vallès cuenta todo esto (salvo su entierro, claro, relatado éste por la gran periodista Séverine) en su Trilogía, en una lengua nueva, fresca y nerviosa, muy dialogada, sin florituras, irónica y mordaz ; describe las sensaciones, los sentimientos y las ideas que brotan del cuerpo y de las situaciones de sus personajes. No escribe sobre el pueblo de París, sino desde el pueblo con el que comparte las aspiraciones, el pitorreo, las alegrías y las penas. En su Cuadro de París, conjunto de crónicas de los 1880, su intención es « pintar la ciudad como es y moldearla con sus protuberancias y sus hondonadas, sus relieves de carne y de madera, sin clasificar a los gloriosos y a los parias ». Describe como paseante y reportero incansable a los habitantes de los barrios y a los transeuntes de las calles, a los encerrados de las cárceles y manicomios, al público de las ferias, teatros y cafés, y las fiestas populares como la celebración del 14 de julio y sus bailes de barrio. Martínez es también heredero de Vallès, por la vitalidad y la aparente, pero muy trabajada sencillez de su prosa.
Pasaré más rápido sobre las visiones literarias de París en el muy rico siglo XX, por ser más conocido y cercano a nosotros. Entre los lugares y las gentes que detuvieron la atención de los escritores franceses, bastará recordar los salones de En busca del tiempo perdido de Proust, las viviendas sociales de los linderos de Paris del Viaje al final de la noche de Céline, los ensueños de Aragon en los pasajes cubiertos del Campesino de París, el exotismo de los callejones oscuros poblados de criminales y prostitutas de Jésus la Caille o de L’homme traqué (Francis Carco), la bohemia montmartesa de Quai des brumes (Pierre Mac Orlan), los Maigret del belga Simenon, las fortificaciones con los « apaches » jerigonceros de La ley de las calles (Auguste Le Breton), cada uno de los 20 distritos de la ciudad en los Nuevos misterios de París del surrealista Léo Malet, la ciudad burlesca de los Ejercicios de estilo y de Zazie en el metro (Raymond Queneau), la ciudad onírica y misteriosa de las novelas de Patrick Modiano, la anatomía de un edificio parisino y de sus habitantes en La vida, instrucciones de uso (Georges Perec), la saga histórica de Robert Merle, entre otras París mi buena ciudad en la época de la San Barthélemy y las masacres más recientes, pero tan parisinas, de argelinos en 1961 en Meurtres pour mémoire y la exhibición zoológica de los canacos en el bosque de Vincennes durante la Exposición colonial de 1931 en Caníbal (Didier Daeninckx). En el siglo XXI, por fin, el pueblo de las afueras y de las cités (torres e inmensos conjuntos de viviendas) de los departamentos del gran París irrumpe con Faïza Guène, en Kiffe kiffe demain, Du rêve pour les oufs y Les gens du Balto. Era tiempo. Tiempo de empezar a tonificar una sociedad francesa paralizada y una literatura a menudo egocéntrica, con jóvenes de pluma crítica y orígenes diversos, hijos todos de nuestro pueblo que desde 1789 aspira a la igualdad y a la fraternidad.
Una de las grandes novedades del siglo XX literario de París fue la llegada de extranjeros quienes pusieron miradas nuevas sobre la Ciudad Luz. Ni el Arco de Triunfo de Eric Maria Remarque, que pinta la vida de los exiliados alemanes, blanco de la hostilidad de la república francesa en 1938, ni los autores rusos como Berdaiev (El destino de París), Ehrenbourg (Mi París, La caída de París) o Bunin (En París, 1940) parecen haber tenido influencia en la escritura de Fabio Martínez, ni tampoco, de manera más sorprendente, el peruano César Vallejo, en sus Crónicas de París escritas en los años 30. En cambio Hemingway, con Paris es una fiesta, alimentó evidentemente el sueño de Fabio Martínez de venir a estudiar en la capital, y el sentido que da a su estancia : de París, « se sale enriquecido para actuar en esa otra ciudad donde uno tiene puestos sus sueños ». El argentino Cortázar se volvió todo un parisino, pero Rayuela es el libro del exilio entre tierra y cielo, entre paraíso e infierno, que ofrece al lector nuevas maneras de leer. Más recientemente, en 2005, el colombiano Santiago Gamboa, en El síndroma de Úlises, describe la vida del proletariado del tercer mundo « franciliano[4] » que ya no reside en la ciudad intra muros como en la época de Martínez. Gamboa bosqueja, a través de los encuentros de algunos migrantes venidos de todo el planeta, un cuadro preciso de la explotación, de la soledad, de la miseria y del valor de los trabajadores en la región parisina.
Debemos al poeta argentino Roberto Juarroz esta gota de luz : « la realidad para ser necesita la imaginación ». A nuestra breve e incompleta historia del París imaginado por los escritores y poetas, la relación de las aventuras de Román Velásquez trae una vena picaresca, que desde el Lazarillo de Tormes escenifica antihéroes de condición marginal, quienes ejercen con humor su desenvoltura en sus encuentros con medios sociales muy diversos. Martínez renueva el género al integrarle el legado de los escritores y poetas que asocian lo sublime y lo sórdido : ecos de la alegría vital de Vallès, del spleen de Baudelaire y hasta los de la sed de triunfar de Rastignac resuenan en la exclamación de uno de los compinches de la gallada caleña de la novela, cuyo juego sobre la palabra parís, resume la ciudad soñada del autor : ¡Aquí París o te reventás!
Villejuif, el 30 floreal 219 de la era republicana
(19 de mayo de 2011 de la era vulgar)
Algunos enlaces y referencias (en frances)
Juliano, Misopogon, 363. http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/julien/misopogon.htm
François Villon, Le Lais (Petit testament), 1457. http://olivier.hammam.free.fr/imports/villon/lais.htm
Quatrain, 1463. http://www.lyrikwelt.de/gedichte/villong2.htm
François Rabelais, Pantagruel, 1532 ; Gargantua, 1534. http://gallica.bnf.fr/
L.-S. Mercier, Tableau de Paris, 12 volumes, 1781-1788 ; Nouveau Paris, 1800, 6 tomos.
http://www.hs-augsburg.de/~harsch/gallica/Chronologie/18siecle/Mercier/mer_t000.html
Stendhal, Armance, 1827 ; Le Rouge et le Noir, 1830 ; Lucien Leuwen, 1834 ; Vie de Henry Brulard, 1890. http://gallica.bnf.fr/
Sobre el París de Stendhal : http://www.armance.com/Servoise1.htm
Honoré de Balzac, La Comédie Humaine, 1829-1850 (137 obras), especialmente Scènes de la vie parisienne, 1834-1848 (17 obras).
http://www.v1.paris.fr/commun/v2asp/musees/balzac/furne/presentation.htm > « lire un roman »
Sobre el París de Balzac :
http://www.cesa.air.defense.gouv.fr/IMG/pdf/Balzac_l_influence_de_Paris_dans_La_Comedie_humaine.pdf
Eugène Sue, Les mystères de Paris, 1842-1843.
Ch. Baudelaire, Le spleen de Paris, 1869. http://baudelaire.litteratura.com/?rub=oeuvre&srub=pop&id=6&s=1
Les tableaux parisiens, dans Les fleurs du mal, 1857.
http://baudelaire.litteratura.com/les_fleurs_du_mal.php
Sobre el París de Charles Baudelaire : http://baudelaire.litteratura.com/?rub=regards&srub=art&id=3
Victor Hugo, Les misérables, 1862. http://gallica.bnf.fr/
Émile Zola, Le ventre de Paris, 1873 ; L’assommoir, 1878 ; Nana, 1880 ; Pot-Bouille, 1882 ; Au bonheur des dames, 1883 ; L’argent, 1891 ; Paris, 1898. http://gallica.bnf.fr/
Arthur Rimbaud, « Chant de guerre parisien », 1871. http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/
« L'orgie parisienne ou Paris se repeuple », 1871. http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/
« Les mains de Jeanne-Marie », 1872. http://abardel.free.fr/petite_anthologie/01_sommaire.htm
Sobre Rimbaud : Steve Murphy, Rimbaud et la Commune, 1871-1872, Paris, Garnier, 2009.
Jules Vallès, L’enfant, 1879 ; Le bachelier, 1881 ; L’insurgé, 1886. http://gallica.bnf.fr/
Le tableau de Paris 1882-1883. http://rh19.revues.org/index2922.html > Télécharger
Enlaces en español
Jules Vallès, El niño, 1879 ; El bachiller, 1881 ; El insurrecto, 1886.
http://www.acvf.es/fondo/978-84-935265-1-1.html (anuncio, no es el texto de los libros)
Sobre Jules Vallès, un análisis magnífico de su vida y de su obra :
http://www.acvf.es/fondo/img-fondo/de-ninho-a-insurrecto.pdf
Yves Moñino
Yves Moñino, de 65 años, doctor de Estado de la Universidad de la Sorbona, es etnolingüista en el Centro Nacional de Investigaciones Científicas de Francia y estudia lenguas y civilizaciones de Centroáfrica y de los dos Congos. Trabaja desde 1993 con los afrocolombianos de San Basilio de Palenque, en vista de describir su lengua criolla y evaluar su herencia congolesa. Ha publicado cinco libros y más de 50 artículos en revistas científicas, de los cuales unos doce sobre Colombia.
Página web : http://llacan.vjf.cnrs.fr/pers/p_monino.htm
[1] Antigua medida francesa de longitud, equivalente á 1,946 m. Tuesa es aún de uso muy corriente en la lengua criolla de los campesinos de San Basilio de Palenque (Colombia) como medida, no de cuerdas, sino de rozas.
[2] Es el título de la obra maestra del historiador Louis Chevalier (1958), quien, basándose en los testimonios literarios y las encuestas estadísticas, analiza el deterioro de las condiciones de vida del pueblo trabajador del París del siglo XIX, y describe el « estado patológico » en que se hunde una fracción importante de la población : epidemias, suicidios, infanticidios, locura. El crimen es sólo uno de los aspectos de la ola de violencia que afecta entonces la capital.
[3] o sea el segundo piso en Colombia. En el París del siglo XVIII, la segregación social no era por barrios, sino por pisos de un mismo edificio : en una época sin ascensores, el primer piso era el de los ricos, el piso « noble » y tenía más altura bajo el techo que los pisos superiores.
[4] « De Île-de-France » o sea toda la región parisina con sus ocho departamentos y sus 11 millones de habitantes (París intra muros cuenta sólo con dos millones).