L'arbre digital, poésie d'Armando Romero
Le blog de Vericuetos a le plaisir de vous présenter un eventail des poémes du recueil L'arbre digital du poéte colombien Armando ROMERO, qui se trouve actuellement à Paris pour le lancement de son livre. Il a été traduit de l'espagnol par Saad Hhosn.
L’arbre digital
C’était un homme à qui l’on avait enterré la main droite
Il passait ses journées allongé dans une chambre vide
Les pieds posés au haut de la fenêtre
La main gauche soutenant un œil-de-bœuf
Par lequel les rhinocéros
Inséraient leur corne
Et faisaient briller leur corsage métallique
Il se prenait pour un poète
Et passait tout son temps à parler de la guerre
Tant et plus
Qu’il avait négligé sa main droite
Celle-ci grandit lentement et furieusement
Et sans qu’il ne s’en rende compte
Traversa le monde de part en part
Quand les enfants du Nord de Sumatra
Virent apparaitre un arbre sans feuilles et sans fruits
Ils coururent effrayés appeler leurs parents
Ceux-ci vinrent armés de leurs grosses haches
Et coupèrent l’arbre à la racine
Un liquide blanc laiteux jaillit de son écorce taillée
Dès lors
L’homme tel un poète
Ressent une douleur terrible
Aigue
A un endroit du corps qu’il ne peut définir
El árbol digital
Era un hombre al que le habían enterrado su mano derecha
Pasaba sus días metido en una pieza vacía
Donde se sentaba
Los pies contra el ángulo superior de la ventana
Y su mano izquierda sosteniendo un ojo de buey
Por el cual los rinocerontes
Ensartaban su cuerno
Y hacían brillar su corteza metálica
Le había dado por ser poeta
Y se pasaba todo el tiempo hablando de la guerra
De tal manera
Que había descuidado su mano derecha
Esta creció lenta y furiosamente
Y sin que él se diera cuenta
Atravesó el mundo de lado a lado
Cuando los niños de la parte norte de Sumatra
Vieron aparecer un árbol sin hojas y sin frutos
Corrieron espantados a llamar a sus padres
Estos vinieron con sus gruesas espadas
Y cortaron el árbol de raíz
Un líquido blanco lechoso salió de ta corteza tronchada
Desde ese entonces
El hombre como un poeta
Siente un dolor terrible
Agudo
En un sitio del cuerpo que no puede determinar
Fleurs d’uranium
Ils arrivèrent les trois au même endroit
Commandèrent des boissons gazeuses
Saluèrent l’aimable compagnie
Ils allèrent les trois à la même table
Consommèrent des potions fumantes
Ils ne connaissaient personne
Ils n’étaient pas gênés
Il s’en suit
Que lorsque les trois se perchèrent
Sur la corniche
Sur la fenêtre
Au-dessus du trou
L’hôtesse de la taverne dit de ne pas s’effrayer
Qu’ils étaient une fleur nouvelle venue d’Orient
Mais quand ils descendirent et tuèrent toute la compagnie
Elle dit avant de mourir qu’il n’y avait rien à craindre
Qu’elle s’était trompée de jardin
Qu’elle s’était trompée de fleur
Et qu’au lieu de fleurs de Bouda
Elle avait apporté des fleurs d’uranium
Flores de uranio
Llegaron los tres al mismo sitio
Pidieron espumeantes bebidas
Saludaron a la amable concurrencia
Llegaron los tres a la misma mesa
Tomaron humeantes pociones
No conocían a nadie
No estaban incómodos
Y he aquí
Que cuando los tres se encaramaron
Sobre la cornisa
Sobre la ventana
Sobre el agujero
La mujer de la cantina dijo no se asusten
Que ellos eran una nueva flor traída de Oriente
Pero cuando descendieron y mataron a toda la concurrencia
Ella dijo antes de morir que no había nada que temer
Que se había equivocado de jardín
Que se había equivocado de flor
Y que en vez de traer flores de Buda
Había traído flores de Uranio
L’alchimie du feu inutile
Dans le four de pierre
D’où le feu s’échappe
Il fait silence
Les formes qui surgissent
Tiennent le langage universel
Du feu et de la pierre
Leurs paroles se transforment en cris de couleurs.
Elles aiment et disparaissent
A première vue
Elles créent et détruisent
Au battement des yeux
On ne retrouve jamais deux fois la même forme
Dans le feu Dans le silence Dans la pierre
Quelque chose brûle
Qui n’est pas le feu
Quelque chose chante
Qui n’est pas le silence
Quelque chose durcit
Qui n’est pas la pierre
Alquimia del fuego inútil
En el horno de piedra
Donde el fuego brota
Hay silencio
Las figuras que surgen
Tienen el idioma universal
Del fuego y de la piedra
Cambian sus palabras como gritos de colores
Aman y desaparecen
A primera vista
Crean y destruyen
Al aleteo de los ojos
Nunca se encuentra dos veces la misma forma
En el fuego En el silencio En la piedra
Hay algo que flamea
Que no es el fuego
Hay algo que canta
Que no es el silencio
Hay algo que se endurece
Que no es la piedra
Les deux mots
Un Mont est un Moine perché sur la tête
Un Moine est un Mont accroupi sur les pieds
Mont et Moine
Sont la même chose
Le Mont à la chevelure en source de boue
Le Moine comme un silure remuant sa queue à l’air
Il n’y a pas de Mont qui n’ait chevauché de Moine
Il n’y a pas de Moine qui n’ait déraciné de Mont
Les Moines poussent sauvages
Ils prient comme des aiguilles de pendule
A coups de gourdins
Bruiteux telle une messe dans la rue dénudée
Un Mont qui crie
Est un Mont qui se tait
Le Moine coupe le Mont à l’aide d’une lame
Le Mont déchire le Moine à l’aide d’une scie
Il faut bien parler pour que tout soit clair
Las dos palabras
Un Monte es un Monje parado sobre su cabeza
Un Monje es un Monte sentado sobre sus pies
Monte y Monje
Son la misma cosa
El Monte con su cabellera de fuente de lodo
El Monje como un siluro dando coletazos al aire
No hay un Monte que no haya cabalgado sobre un Monje
No hay un Monje que no haya arrancado de raíces un
Monte
Los Monjes se dan silvestres
Oran como relojes de péndulo
A garrotazos
Silvosos como una misa en la calle pelada
Un Monte que grita
Es un Monte que calla
El Monje corta el Monte con una cuchilla
El Monte desgarra el Monje con un serrucho
Hay que hablar bien para que todo quede claro
Petit poème dédié avec affection à la
Mémoire de Mr Isidore Ducasse (Q.E.P.D.)
Les gens ont défilé en procession funèbre
Devant ton visage et ton vieux corps, ami
Et ils ont dit :
Des dents te pousseront à la place des poils
et des aiguilles te sortiront des pores
Ils tailleront d’un seul coup tes entrailles
et te coudront le ventre avec des mitrailleuses
Ils te lanceront telle une pierre dans l’abîme
et des abîmes te tomberont dessus
Mais toi tu es là-bas près de Lui
Écoutant les Fables que toi-même écrivit
Interprétées par des Chœurs Angéliques dans le Ciel
Gauche
Alors que dans le Ciel Droit on chante tes Poésies
Et tu garderas le Silence
Pendant que Lui méditant écoutera ses Saints qui diront
Ceci est un délice
Et avec son sourire de vieux sage il t’observera et comprendra
Ensuite te passant le bras par-dessus l’épaule
Et te conduisant à travers un large labyrinthe il te dira
Fais comme moi, j’oublie tout quand tu seras au Paradis
Et alors toi Conte poussiéreux tu lanceras à sa propre face
ton éclat de rire strident
Ils disent que dans les Cieux l’étonnement a depuis remplacé
la raison
Poemita dedicado con cariño a la
Memoria del señor Isidore Ducasse (Q.E.P.D.)
La gente se ha sucedido en quemante procesión
Contra tu rostro y tu cuerpo viejo amigo
Y han dicho:
Te crecerán dientes en vez de pelos
y aparecerán agujas por tus poros
Cortarán de un solo tajo tus entrañas
y coserán tu vientre con ametralladoras
Te lanzarán como piedra al abismo
y te caerán abismos en la cabeza
Pero tú estás allá junto a El
Escuchando estas Fábulas que bien escribiste
Interpretadas por Coros Angélicos en el Cielo Izquierdo
Mientras que en el Cielo Derecho cantan esas tus Poesías
Y estarás en Silencio
Mientras El meditando escuchará a sus Santos que dirán
Esto es una delicia
Y con su sonrisa de viejo sabio te mirará y comprenderá
Luego, pasándote su brazo por encima del hombro
Y mientras te conduce por un amplio laberinto te irá diciendo
Haz lo mismo que yo, olvídate de todo cuando estés en el
Paraíso