Encore le bruit des bottes par Jorge Eliecer Pardo
Jorge Eliécer Pardo, del Líbano, Tolima, Colombia, 1950, visitará Paris y hará varias presentaciones de su más reciente novela “El pianista que llegó de Hamburgo” y lanzará su libro de cuentos, en primera edición, “Los velos de la memoria”.
Pardo es escritor, periodista, director y productor de documentales sobre arte y literatura para la televisión pública colombiana (Babelia, Señal Colombia). Profesor universitario y conferencista.
Ha publicado, cuatro novelas, El jardín de las Weismann, Plaza & Janés, 1979, con ocho ediciones, traducida al francés por Jacques Gilard. Irene, Plaza & Janés, 1986, seis ediciones, traducida al inglés. Seis hombres una mujer, Grijalbo, 1992, dos ediciones. El pianista que llegó de Hamburgo, Cangrejo Editores, 2012, tres ediciones.
En cuento, Las primeras palabras, 1973, en coautoría con su hermano Carlos Orlando Pardo. La octava puerta, Editorial Oveja Negra, 1985, incluido en la Biblioteca de Literatura Colombiana, tres ediciones. Las pequeñas batallas, Pijao Editores, 1997, dos ediciones. Transeúntes del siglo XX, 2007, dos ediciones y, el libro de poemas, Entre calles y aromas, Premio Nacional de Poesía.
Su obra ha sido incluida en diversas antologías internacionales, como Cuentos Hispanoamericanos, Colombia, edición bilingüe español-alemán, Erzählungen aus Spanisch Amerika, Kulumbien, 1997. Cuentistas Hispanoamericanos en la Sorbona, Menaces, Barcelona, 1983. Anthologie de la Nouvelle Noire et Policiere Latino-americaine, Cuentos Latinoamericanos, edición en francés, L’Atlante Nantes, 1993. Antología da Novela Hispano Americana, edición en portugués, 1987. Literaturas Ibéricas y Latinoamericanas Contemporáneas, fragmento de El Jardín de las Weismann, Ophys-París, 1980.
En el 2008 con su relato, Sin nombre, sin rastro, sin rostro, recibió el Primer Premio del Concurso Nacional de Cuento.
En el 2013 ganó el Premio nacional de literatura, otorgado por los lectores a través de la revista Libros y Letras de Colombia.
Fundador y codirector de Pijao editores donde se han publicado a más de 300 autores colombianos. La Universidad del Tolima lo catalogó como uno de sus más destacados egresados en los 58 años de existencia del claustro y publicó una edición crítica de El Jardín de las Weismann donde se incluyen 28 ensayos de importantes investigadores nacionales y extranjeros, acompañada por pinturas de Darío Ortiz.
Encore le bruit des bottes[1]
Par Jorge Eliecer Pardo
Il perçut les coups de feu à travers les planches de la fenêtre. C’était un tir sec et nourri. Lentement, presque sur la pointe des pieds, le regard inquiet derrière ses lunettes, il alla jusqu’à la fenêtre et comprit : il compta et recompta, aucun doute, il y avait quatorze types qui montaient le chemin glissant. Il s’approcha encore et put entendre le bruit de leurs bottes dans la boue humide et molle. Déjà ils lui tournaient le dos, mais il recompença à les compter, la peur au ventre, épuisé après toutes ces nuits sans trouver le sommeil. Il vit leur uniforme, l’écusson du gouvernement, leus armes en bandoulière, leurs cheveux ras. Et il y avait ce bruit qui lui envahissait le crâne, qui lui martelait le cerveau, comme une blessure qui vous saigne à blanc, cette succion lancinante de leus bottes noires, leurs bottes lourdes, leurs bottes qui produisaient cette mélopée de mort et qui poursuivaient leur chemin sans que personne ne pût les arrêter. Il ne voulut pas vérifier encore une fois combien ils étaient ; les mains de sa femme s’étaient posées sur ses épaules. Elle avait les yeux gonflés et rouges. Ils l’étaient en permanence depuis quávait commencé leur longue veille. À présent que le soleil se glissait dans les interstices ils étaient humides. Elle aussi avait entendu le bruit et retenait les mots qui l’étouffaient. Il la fit tourner lentement, comme à une autre époque, lorsqu’il la désirait. Quand il lut le reproche dans ses yeux il la conduisit par la main jusqu’à leur grabat et s’assit à ses côtés, silencieux. Tous deux gardaient le silence, pleins du clapotement des bottes noires, de ce bruit de mort dans la terre humide et molle. Leurs enfants dormaient sur l’autre grabat, bavant dans leur sommeil, et de leurs petites bouches s’échappaient des sons incompréhensibles. Ils se cramponnèrent l’un à l’autre des mains et du regard, sûrs, pour la nième fois, qu’ils s’en aillent. Ils se respirèrent, tout proches l’un de l’autre, et la chaleur de leur souffle leur montra où était la vie. Ils se prirent à espérer, parce qu’ils n’avaient fait que cela durant toutes ces années, parce qu’on espère toujours, disait-il, mais notre vie ne tient qu’à un fil, et à n’importe quel moment ils peuvent enfoncer la porte et casser le fil. «Partons, Etcheverry!» dit la femme d’une voix étouffée. Le visage caché dans ses mains, elle se perdait dans d’obscures images por observer ensuite à travers ses larmes les jours lointains, les heures enfuies dans les sillons de son ventre, dans les cicatrices de son angoisse.
Il avait bien envisagé de partir, oui, de tout abandonner, sa maison, qui avait été la maison de son père et de son grand-père le cimetière planté de glaïeuls et de lus blancs où il avait pleuré les siens, mais il s’ent voulait. «Je suis né ici ! Je resterai ici !» criaitil presque. Il avait hérité de son métier de fossoyeur, mais pas de celui d’assassin, disait-il 1a sa femme quand ils o’obligeaient, tard dans la nuit, à enterrer des inconnus. Mais depuis ils avaient imaginé de se servir du fleuve et maintenant les corps nus plongés dans les eaux écumantes couvraient du bruit de leurs éclaboussures les cris de Peñaranda: «Ces fils de pute ne méritent même pas d’être enterrés!».
Les premiers temps elle souriait au milieu de ses rides, mais quand l’espoir d’un dernier fills se transforma en une traînée de sang tiède, jamais plus elle ne sourit. À présent, dans le silence entrecoupé des sanglots de sa femme, il se rappelait: la crosse le long du bras couvert de poils, l’air mauvais de Peñaranda, ce ressentiment qui lui était venu en même temps que les bottes noires, lourdes, qui s’enfonçaient dans le boue et dans la peur de leurs ennemis et qui annonçaient dans la mort, les insultes que sa bouche épaisse lui crachait au visage, les coups ininterrompus, les mots ininterrompus.
Elle s’était mise à pleurer, agrippée à sa chaise, pendant que Peñaranda ordonnait la réquisitions de tous leurs meubles et lui hurlait, ses bottes sur son visage: «Alors, espèce de pédé, on joue à la guéguerre?» Puis il était parti en répétant ses insultes, et lui avait continué de l’entendre pendant très longtemps. Quand il s’était relevé, avec lenteur, il avait vu à travers son sang le visage violacé de son fils qui ne criait pas, ses vagissements à jamais murés derrièrre ses lèvres scellées.
Il mit de l’ordre dans ses pensées avec le même soin qu’il s’efforçait de structurer le présent. Il se rappela leur camion kaki pétaradant qui descendait vers le fleuve, et il se mi à haïr le bruit de son moteur et ses plaques maquillées comme il haïssait le bruit de leurs bottes dans la boue humide et molle. Et dans ses rides, qu’il avait baptisées «rides de Peñaranda», on pouvait lire le resentiment collectif.
Les enfants se levérent, encore tout ensommeillés et chancelants sur leurs jambes maigres. Etcheverry les regarda et refusa de penser au départ. Parce que le sergent Peñaranda continuait à rôder autour de la peur, autour de la vie, et parce que le revolver qu’il avait rangé longtemps avant n’attendait que ses fortes mains de fossoyeur.
[1] Otra vez el chasquido de las botas. Menaces. Anthologie de la nouvelle noire et policiere latino-americaine. (Cuentos latinoamericanos, edición en francés). Compilador: Olver Gilberto De León. Nouvelle: Encore le bruit des bottes.Traductor: Colette Yvergniaux. Ediciones L’Atlante Nantes, París 1993, pp 167 a 170.
Otra vez el chasquido de las botas*
Alguien destapó el ataúd para que papá viera por última vez a su ahijado. Nada en el mundo merece más respeto que la presencia de un muerto.
Jairo Mercado Romero
A Germán Vargas Cantillo
Por la ventana de madera penetraron los disparos. Unos disparos secos, seguidos. El, con lentitud, casi en puntillas, con el ceño fruncido sosteniendo los anteojos, fue hasta la ventana: contó una vez, dos veces, hasta comprobar que eran catorce los hombres que subían por el camino resbaloso; se acercó un poco más y pudo percibir el chasquido de las botas entre el barro mojado y flojo. Ya estaban de espaldas cuando volvió a contarlos: les vio el uniforme, el escudo del gobierno, las municiones en las bandoleras cruzadas, el pelo recortado y ese sonido que lo martirizaba como una herida abierta, ese chasquido de botas negras, pesadas, esa música de muerte que continúa su camino sin que nadie pueda detenerla.
Las manos de su mujer le tocaron el hombro; ella tenía los párpados inflamados y rojos desde los días de la vigilia, ahora, de nuevo, se humedecían. Soportó las palabras pegadas a su tráquea. El la llevó de la mano, despacio, hasta el camastro, en silencio, en silencio los dos, mientras más allá el clas clas de las botas negras, ese chasquido de muerte entre el barro mojado y flojo. Los niños no despertaban.
En las fuerza de los dedos comprendieron que debían irse; se respiraron muy cerca y esperaron, sólo eso hicieron durante años.
—Vámonos de aquí, Echeverry —dijo la mujer con una voz secreta que le entró por los poros abiertos al hombre mientras movía las aletas de su nariz.
Sí había pensado marcharse, abandonarlo todo, la casa donde vivieron sus abuelos y padres, el cementerio con gladiolos y azucenas donde lloró y vio llorar los muertos amados.
—Soy sepulturero pero no de asesinos —decía a su mujer cuando lo obligaban a enterrar desconocidos antes de que inventaran los del río, antes de que la espuma y la desnudez de los cuerpos salpicara en medio de la voz del sargento Peñaranda: “Estos hijueputas ni tierra merecen”.
La sonrisa de los años felices se le confundió con las arrugas del odio y cuando la espera de su último hijo se convirtió en otra venganza, jamás volvió a sonreír. Ahora, sentado en el camastro, con la fuerza de las manos de su mujer entre las suyas, lo recordaba. La culata contra el brazo velludo y la cara seria de Peñaranda mirándolo, con ese rencor que subía desde sus botas negras, pesadas, que al hundirse entre el barro presentían la muerte. Ella lloraba, agarrada de la silla mientras el sargento ordenaba requisar los baúles. “Gran maricón, ¿jugando a la guerra?”, con su voz gruesa, con las malditas botas sobre la cara.
Los niños se levantaron entredormidos, Echeverry los miró y no pensó más en la partida porque el revólver guardado tiempos atrás esperaba sus dedos fuertes de sepulturero.
Ibagué 1975.
* 1973. Premio único, Concurso Nacional Pablo Neruda. Universidad Externado de Colombia. Lecturas Dominicales de El Tiempo, Bogotá, febrero 9 de 1975. Vanguardia Dominical, Bucaramanga, 2 de marzo de 1975. Revista Aleph, No. 17, junio, julio de 1976. Incluido en las antologías: La violencia diez veces contada. (Cuentos colombianos). Compilador: Germán Vargas Cantillo. Pijao Editores. Ibagué, 1976, pp. 39 a 47; Menaces. Anthologie de la nouvelle noire et policiere latino-americaine. (Cuentos latinoamericanos, edición en francés). Compilador: Olver Gilberto De León. Nouvelle: Encore le bruit des bottes.Traductor: Colette Yvergniaux. Ediciones L’Atlante Nantes, París 1993, pp 167 a 170.