Rossignol de Paris par Joel Camous, suite
Rossignol de Paris
Moi, j’vends du vent pour pas un rond
Je m’donne des airs de limonaire
J’use ma salive dans tous les tons
Je fais même de la surenchère
Si vous voulez faire fortune
Ou bien gagner votre manger
Allez donc repeindre la lune
Mais vos couplets faut les changer
A peine on veut mener sa barque
Montrer qu’elle prend l’air et pas l’eau
Que nous revient Francis Lemarque
Très naturel et au galop
Des rendez-vous galants du soir
Tout a été dit n’ayez crainte
Même ceux avec une passoire :
Égouttez la folle complainte
La langue verte des escarmouches
Et les savantes échauffourées
Sont gardées pour la bonne bouche
Dans les chansons d’Léo Ferré
Dans le concert des rossignols
Paris entier y est passé
Pas l’temps d’avertir la bignole
Que le citron il est pressé
Bien sûr ce n’est pas pour en rire
Mais voici venus les héros
Les chiffonniers statues de cire
Dans les souterrains du métro
A midi du bout d’leur couteau
Affamés ils mangent la myrrhe
De la vigne ils boivent toute l’eau
Et sur des cartons vont dormir
Et maintenant l’autre héros
Mais lui il ne regrette rien
La Seine reprend tout à Zéro
C’est son numéro quotidien
C’est une courroie au port de reine
Qui a jamais été débutante :
Voila que j’ai trouvé sans peine
Le quatrain qui m’paie une rente
Le cours de Vincennes c’est pas un crime
Tout l’monde s’en fiche cependant
Très sollicité pour la rime
Il sourit de toutes ses dents __
A quoi ça sert la tour Eiffel
Est-ce un grand phare pour les bateaux
Comme la colonne de juillet
A la Bastille cent ans plus tôt ?
Non, la tour Eiffel est un cierge
Une statue de la liberté
Éclairant le monde des concierges
Voila une belle moralité
Et où en sont les parisiennes
Les fruits mûrs et les jolies mômes,
Depuis deux mille ans qu’elles s’promènent
Dans leur traine pavée tous les hommes
C’est un feuilleton à épisode,
Il faut pas s’en faire pour ça,
Pour se perpétuer les modes
Ont des fidèles et des forçats
Le long du boulevard du crime
Pour Garance se lèvent les héros
Mais la troublante Colombine
Laisse déçus tous ces Pierrots
Tous les pigeons t’ont à l’excès
Roucoulé hier dans les oreilles
Hélas Paris, c’est du passé
Aujourd’hui finies les merveilles
Exit maintenant les courtisans
Pour te traiter de tous les noms
Plus de galant plus de faisan
Pour faire la roue dans tes chansons
chanson de Joël Camous 2010
Rossignol de París
Yo, vendo viento por nada
Me doy importancia de organillo
Gasto mi saliva en todos los tonos
Hasta hago incluso promesas
Si usted quiere hacer fortuna
Y ganar su comida
Vuelve à repintar la luna
Pero sus versos los debe cambiar
Apenas queremos llevar su barca
Demostrar que se toma el aire y no el agua
Que ya nos vuelve Francis Lemarque
Muy natural y al galope
De citas galantes en la noche
Todo se ha dicho, no se preocupe
Incluso aquel caso con un tamiz :
Escurrir la Folle Complainte
La jerga de escararmuzas
Y las batallas de sabios
Son guardadas para el aficionado
En las canciones de Leo
Ferré
En el concierto de los ruiseñores
Todo París ya lo cantaron
No hay tiempo de advertir la concièrge,
El limón ya no tiene jugo
Por supuesto, esto no es para reírse
Pero he aquí vienen los héroes
Los indigentes estatuas de cera
En
los subterráneos del metro
Al mediodía con la punta del cuchillo
Los hambrientos comen la mirra
De
la vid se beben todo el agua
Y sobre los cartones van a dormir
Y ahora otro héroe
Pero él no se arrepiente
El Sena vuelve todo a cero
Es su número diario
Es una correa con porte de reina
Quien no ha sido nunca principiante!
Vea lo que encontré sin pena:
La copla que me paga la renta
El Cours de Vincennes,
no es un crimen,
A nadie le importa,
sin embargo,
Muy solicitado para la rima
Sonríe con todos sus dientes
¿Para que sirve la Torre Eiffel
¿Es un gran faro para los barcos
Así la columna de Julio
¿ A la Bastilla cien años antes?
No, la Torre Eiffel
es un cirio
Una estatua de la libertad
Iluminando el mundo de los porteros
He aquí una bella moralidad
Y ¿dónde están las parisinas
Los frutos maduros y las hermosas chicas
Desde hace dos mil años que se pasean
llevandose todos los hombres
Es un episodio de novela
No tenemos que preocuparnos por eso,
Para perpetuar las modas
Tienen sus fieles y sus esclavos
A lo largo del Boulevard del
Delito
Para Garance se levantaron
los héroes
Pero la misteriosa de Colombina
Deja los Pierrots decepcionados
Todas las palomas te han en exceso
Arrullado ayer en los oídos
París, por desgracia, ya es historia
Hoy se han terminado las maravillas
Ahora fuera los cortesanos
Para tratarte de todos los nombres
No más galante, no más faisán
Para pavonearse en sus canciones
chanson de Joël Camous 2010
Les Approches de Saint Lazare
Chanson de Joël Camous (2010)
"a disparu
au fond d'ma rue
comm'disparait
tout mon passé
comme pass'nt hélas
les vieilles passions
pour fair' la place
à ma chanson"
Monsieur mon passé,
Leo Ferré 1954
Il y a de cela des années,
Du train je regardais le soir,
A leur fenêtre les gens dîner,
Je descendais à Saint-Lazare...
Cours du Havre, sous les panneaux,
"Chauffage au Gaz" et "Nicolas",
Logeaient des guérites à journaux
Et d'la Loterie Nationale...
La passerelle du Cinéac
Menait à l'hôtel Terminus,
Dans la cours descendaient en vrac
Les voyageurs pressés des bus...
Passage du Hâvre, sous le couvert
J'avais toujours des trains à prendre,
Sur leurs étagères de verre
Dans les vitrines du Wonderland...
Géologie dans l'ascenseur:
C'était le liftier du Printemps
Qui annonçait en connaisseur
A chaque étage le tout venant...
Plus tard dans le rayon tissus
Je trouvais seulement sous les robes
Des mannequins la bonne issue
Dans ce pays de sous la mode...
Le classique Havre-Caumartin,
Paris des journaux et taxis,
Vendeuses des grands magasins,
Concierges et mouchards aussi...
Ce Paris qui sent le café
Ou le cafard tous les matins,
En buvaient arpettes ou coursiers,
L'amicale de Chaussée-d'Antin...
Mais à dix huit ans, moi aussi
En portefaix j'étais présent,
Au bel été de soixante huit
De la Madeleine courtisan...
Sous le carrelage du métro
Un aveugle et sa litanie,
Nous vendait les bons numéros
De la tranche de l'épiphanie...
Hélas du Bazar d'Amsterdam
Je n'irai jamais plus au bois
C'est écrit sur le macadam
Et ça me donne la gueule de bois.
Les Approches de Saint Lazare
De eso hace ya unos años
Del tren veía en la noche
En las ventanas la gente cenar
Me bajaba en Saint-Lazare...
Cours du Havre, en sus anuncios,
"Calentadores a gas" y "Nicolás"
Se encontraban kioskos de prensa
Y de la Lotería Nacional...
La pasarela del Cineac
Llevaba al Hotel Terminus
Y a la esplanada bajaban en desorden
Los viajeros apresurados de buses...
Pasaje du Havre, al amparo
Siempre tenía trenes para tomar,
En sus estantes de vidrio
En las ventanas de las Maravillas...
Geología en el ascensor:
Era el asensorista del Printemps
Que anunció como experto
En cada piso el todo por el todo
Más tarde, en el departamento telas
Encontraba sólo bajo los vestidos
De los maniquíes la salida
En este país bajo la moda...
El clásico de Havre-Caumartin
París de los periódicos y taxis
Vendedoras en los almacenes
Porteros y espías también...
Esta Paris que huele a café
O el blues de cada mañana
Bebiendo obreros y mensajeros
El club de la Chaussée d'Antin ...
Pero a los dieciocho años, yo también
Como cargador estaba presente,
En el hermoso verano del sesenta y ocho
Cortesano de la Madeleine
Bajo la losa del metro
Un ciego y su letanía,
Nos vendía los números ganadores
Al borde de la Epifanía del Señor...
Ay el bazar Amsterdam !
Nunca más iré al bosque
Está escrito en el asfalto
Y me da una resaca.
Paris Pas Cher
Chanson de Joël Camous (2010)
"Surprise party
surprise restons
on est surpris
mais c'est si bon"
Paris Canaille, Leo Ferré, 1953
J'aimais déjà paris sur plan
Bien avant d'y passer ma vie,
Les murs d'alors n'étaient pas blancs
Et leur noirceur m'avait ravi
J'ai été oiseau à paris
Au belvédère de la chapelle
Parmi les appels et les bruits
Brulait la flamme de ma chandelle.
A vingt ans place du Panthéon
J'ai eu sainte Geneviève pour patronne
Comme je trouvais le temps long
J'ai été le perdre à Boulogne.
Mais d'abord la Seine, de son lit,
M'a délégué une sirène
L'enchanteuse ile Saint-Louis
dont le nom peuplait les rengaines.
Entre temps j ai pris à Clichy
Quelques voitures S'il Vous Plait,
Jusqu'aux barrières de Paris
La province de Bagnolet.
De tous ces havres désolé
De ces monnaies qui n'ont plus cours
Peut-être Montrouge m'a saoulé,
M'a désespéré Billancourt.
On a tout dit de mes campagnes:
Boulevard Bertier, les courants d air,
Les décors de l'opéra fanent
A l'abri des bastions de Thiers.
Batignolles-Zone, région en panne,
Débarras des chemins de fer,
Messageries en cabotage
Des tracteurs S.C.E.T.A. sur les nerfs.
Trempez un croissant dans un crème,
Vous aurez Saint germain des Prés,
La Rue de Buci, la Rue de Seine,
Cours du commerce Saint André,
Et en suivant le même arôme
A savoir l'odeur de café,
Je descends à Sèvre Babylone
Dans les sous sols du Bon Marché.
L'Aurore, France Soir, Spécial-Dernière,
Tiens, voila du boudin au poids,
Des feuilles de chou pour nos chaumières
Et pour les chômeurs de l'emploi.
Rue Perdue au café Kabile
J'allais jouer au domino
Et je me montrait très habile
Sur les tapis de casino.
"A l'autobus de l'aventure"
J'ai été courir à Longchamps
Y avait du turf dans la nature,
Porte de saint Cloud au couchant.
Parouart, Pantruche ou bien Lutèce,
Ça souffle encore on n'sait comment
Ce grand corps doit boire la Seine
Pour oublier tous ses tourments.
París Pas Cher
Chanson de Joël Camous (2010)
Ya me gustaba París en el
mapa
Mucho antes de pasar mi vida
Los muros no estaban blancos
Y su negrura me encantaba
Yo era un pájaro en París
Mirador de la
Chapelle
Entre las llamadas y los
ruidos
Quemaba la llama de mi
vela
A los veinte años
en la plaza del Panteón
Tuve
a Santa Genoveva de patrona,
Encontraba el tiempo largo
Me
lo iba a gastar en Boulogne.
Pero primero el Sena, desde su cama,
Me delegó una sirena
La encantadora isla de Saint-Louis
cuyo nombre poblaba las canciones más oídas
Mientras tanto tomé en Clichy
Algunos coches, Por Favor,
Hasta las barreras de París
Provincia de Bagnolet
De estos puertos tristes,
De esas monedas que ya no sirven
Tal vez
Montrouge me emborracho,
Me desespero Billancourt.
Ya se contaron mis campañas:
Boulevard Berthier, las corrientes de aire,
Los decorados de la ópera se marchitan
En el refugio de los
baluartes de Thiers.
Batignole Zona, región bloqueada,
¡Que se vayan de los ferrocarriles,
Mensajería de cabotaje
Tractores S.C.E.T.A. sobre los nervios.
Sumerja un croissant en una
cafe crema
Tendrá Saint Germain des Prés
Rue de Buci, Rue de Seine
Cours de comercio de San Andrés,
Y siguiendo el mismo aroma
Es decir el olor del café,
Me bajo en Sèvres Babylone
A los sótanos del Bon Marché.
L'Aurore, France Soir, Ultimo especial,
Hey, aquí está morcilla al peso
Hojas de repollo para nuestras cabañas
Y para los
desocupados del empleo
Rue Perdue, en el café Kabile
Yo iba a jugar al dominó
Y era bastante hábil
Sobre alfombras de casino.
"Un autobús de la aventura"
Fuí a correr
en Longchamps
Habia
hipica en la naturaleza,
Puerta de Saint-Cloud al poniente
Parouart, Pantruche o Lutetia
Esto todavía sopla no se sabe como
Ese gran cuerpo debe beber el Sena
Para olvidar sus tormentos.
L'Etourdi (chanson)
"et tant d'univers s'oublient... quels sont les grands oublieurs...qui donc saura nous faire oublier telle ou telle partie du monde ? Où est le Christophe Colomb à qui on devra l'oubli d'un continent ? "
Guillaume Appolinaire (Calligrammes)
En mil neuf cent quatre vingt douze,
J'ai dû oublier l'Amérique,
Sur un beau cahier Lapérouse,
Inventaire des transports publics.
Et j'ai pu découvrir la France,
Au hasard des chemins de fer,
Elle n'avait plus son élégance,
Ni sa cambrure de cavalière.
Paris, ça m'allait comme un gant,
En sous marin, je courais la Seine,
Par ses vases communicants,
Canaux et écluses s'enchainent.
En Auvergne et ses succursales,
D'autres vases communicants
Permettaient d'se rincer la dalle
Sans trop ameuter les cancans.
J'ai écumé le vieux Paris
Avec une belle diligence;
L'intérêt jamais ne tarit
A cette fontaine de Jouvence.
Quand j'eus une taille de guêpe,
Je fis la petite ceinture;
Bien sûr j'aurais préféré Dieppe...
Pour Porte d'Auteuil, en voiture !
J'ai aussi couru la banlieue
Avec du fret, plein les poches,
Et puis des poches sous les yeux,
Et les yeux doux, en double croche...
J'ai souvent foulé le mâchefer
D'Ile de France et de Navarre,
Quand on fait ce métier d'enfer,
Faut le faire pour l'amour de l'art...
Sur la carte du tendre j'ai per-
Du des plumes et l'orientation
Dans les 20 mille lieues sous les mers
Que j'ai connu par mes chansons.
Avec les nouvelles conquêtes,
On oublie un peu l'Amérique
J'avais d'autres valises en tête
Pour l'horizon et toute sa clique.