La Résurrection des Maudits le dernier livre de Gustavo Álvarez Gardeazábal
Le tirage du livre a été limité à 1000 exemplaires numérotés et j'ai le privilège d'être le possesseur du numéro 0433 grâce à la générosité de l'auteur à qui j'exprime ma reconnaissance. L’édition est convenable, le livre circule par le bouche à oreille et répond aux exigences usuelles de l’impression.
L'auteur est un écrivain colombien prolixe dans différents registres de l’écriture. Ses premières publications datent de 1965 avec la Piedra Pintada. El Gringo del Cascajero, 1968; Cóndores no entierran todos los días, 1971; cette dernière œuvre étant jusqu'à présent son roman phare récompensé et adapté au cinéma. Ont suivi : La boba y el buda, Dabeiba, El bazar de los idiotas, Los míos, El titiritero, Pepe botellas, El Divino, El último gamonal, Los sordos ya no hablan, El prisionero de la esperanza, Perorata, Comandante Paraíso, Las cicatrices de don Antonio, Las mujeres de la muerte, La novela colombiana entre la verdad y la mentira, La tara del papa, Cuentos del parque Boyacá, et La vida es una damier-mierda. Certaines de ces œuvres ont été des lauréats internationaux. L’auteur a été professeur universitaire mais a aussi fait des incursions en politique. Il a ainsi été nommé maire puis conseiller de sa ville natale, Tuluá, député à l'Assemblée du Valle, conseiller de Cali et Gouverneur du département du Valle. Chroniqueur de journaux et de revues, commentateur de radio et de télévision, il profite désormais d’une retraite confortable dans sa propriété d'Alcañiz au bord de la rivière Cauca en Colombie.
La Résurrection des Maudits est une œuvre qui par sa facture répond aux normes du roman mais dont le contenu polysémique la rend complexe. Dès les premières lignes, le lecteur est submergé dans un écheveau du roman noir. Les chapitres suivants plongent le lecteur dans le roman religieux, sujet littéraire d'actualité comme l’illustre Iacobus de Mathilde Asensi publié chez Gallimard qui traite de l'histoire des templiers. Aussitôt le lecteur se retrouve nez à nez avec des éléments du roman policier, la dénonciation, et finalement avec les ingrédients prépondérants qui correspondent au roman de témoignage.
En ce qui concerne les niveaux linguistiques, l'usage du vocable directement extrait de la langue parlée domine. En ce sens, le signifié présente une horizontalité et en toute rigueur, il ne se meut que dans un espace plan. C’est précisément pour cette raison que le lecteur qualifié est confronté de manière immédiate et directe avec la catégorie narrative propre au témoignage, genre qui s'érige dans la parole quotidienne. Il y a plusieurs atmosphères, certaines ténues et d’autres accentuées. Il faut ainsi être attentif pour dénicher les mots propres au langage marginal qui communiquent une atmosphère de transgression gracile. Le descriptif religieux se fait par un emploi marqué du langage sacré, il en est de même de l’utilisation appuyée du langage qui renvoie au témoignage et à la dénonciation. La présence de quelques colombianismes particularise la fiction et la narration en lui conférant une touche d'originalité sur le plan linguistique.
Le noir
Le roman noir résulte d'une classification que faisait l'écrivain américain, Raymond Chandler, au début du XXe siècle en Amérique du Nord. Il s’agit d’une variante dans le cadre de l'homicide dérivée du genre policier. L'analyse qui se borne à l’étude de l'action criminelle dans ses particularités distinctes et dans les limites d'un événement est insuffisante et donc réductrice. La Résurrection des Maudits introduit le concept de l'Etat et exprime sa volonté manifeste de fonder les plus hautes valeurs humaines du fait que ce thème affecte l’ensemble de la société tout en permettant une lecture profonde catégorielle philosophique du noir dans la transgression comme conséquence de la commercialisation des psychotropes. En gnoséologie, les premiers éléments du noir se trouvent à l’extérieur du sujet, nous les rencontrons dans l'être à deux occasions: dans l'incommensurabilité du cosmos qui appartient à la catégorie de l'infini et où l'accès au noir se fait par voie théorique donc par voie intellectuelle et dans l'expression finie de l'être qui est saisie par l'expérience et où l'empirique domine ; c'est le cas pour les tempêtes et pour d'autres phénomènes naturels.
C’est dans la finitude de l'être que le sujet fonde l'idée essentielle du noir. C’est dans la manifestation convulsive de la finitude de la nature que le sujet fait ses premiers pas pour élaborer le concept du noir. Concept qui montre au sujet l'élément tragique et ténébreux qui est à l’extérieur de lui sans qu'il ne puisse rien déterminer puisque le sujet est déterminé, soit parce qu’il se trouve à l'intérieur de cet élément ou soit parce que cet élément se dirige vers lui pour l'affecter.
Le second mouvement de ce concept en tant que connaissance est produit par le sujet même socialement d’une part et individuellement de l’autre. En ce qui concerne le social, le noir est un constituant de l'histoire, une catastrophe et pour cette raison, il est une tragédie des actions et de la conduite humaines qui passe à l’Histoire comme transcendance de la douleur. L'action individuelle se concrétise dans un espace et dans un temps défini. C’est dans le cadre de ces paramètres phénoménologiques que la littérature intervient et à travers elle le noir. Contexte dans lequel nous pouvons situer l'œuvre en question en ne considérant que le singulier.
La Résurrection des Maudits se déroule dans la zone du Valle et de ses départements limitrophes en Colombie. Le narrateur fait affleurer le noir et ses contenus macabres, douloureux et tragiques autour des deux axes qui soutiennent l'échafaudage narratif à travers les protagonistes Ramsés Cruz et Guadalupe Lozano et leurs actes personnels. Cependant, ce n’est pas toujours le cas. Les personnages personnifient au départ les guerres privées et contrairement à ce que Balzac disait, que le roman est l'histoire privée des nations, ils sont les protagonistes des guerres publiques qui font rage en Colombie et dont certaines ont débuté à partir des années 70 et dans lesquelles concourent plusieurs facteurs comme par exemple le contrôle du marché des hallucinogènes, contrôle qui s’exerce encore aujourd'hui. La trame amène le lecteur à découvrir le poids de la transgression avec la présence actuelle du noir dans la société colombienne, conséquence du fait que chaque société produit les délinquants qu’elle mérite. En ce sens, le roman est un puits noir comme s'il s'agissait de pétrole brut non raffiné.
Un ingrédient religieux
Le contenu religieux est un autre des axes fondamentaux du roman en commençant parce le fait qu'il apparaît dans le titre. Il joue le rôle d'une annonce d'un établissement commercial qui met en exergue des contenus spécifiques. Quand appellation et sujets sont mis en relation, le titre devient l'entrée à l'édifice narratif. C'est une réussite du point de vue de la compréhension et de la signification.
Le vocable “résurrection“ renvoie au lecteur plusieurs significations. A la première lecture, il est loisible d'accepter , à cause de la force qu’ a le langage populaire, que ce terme exprime la superstition et le mauvais augure, que la "résurrection" est la phénoménologie qui s’étend de la mort à la vie, résultat du pacte entre le vraisemblable narratif et le langage oral qui forme un reflet des croyances et des mythes populaires. Cependant, la deuxième et troisième lecture dévoilent quelque chose de très différent.
L'auteur se sert de la mandragore, recours fascinant, pour fonder tout un monde littéraire. Il crée une tension afin de préparer le dénouement, grave également les ingrédients qui permettent une lecture délicieuse en amenant le lecteur à s’interroger sur ce qui met la vie en suspens. La première association qui surgit de la lecture superficielle émerge avec le terme “borrachero”, arbuste duquel s’extrait la substance connue populairement en Colombie comme “burundanga” qui produit les effets hypnotiques et la perte complète de volonté.
Seul le fait de la nommer rend la mandragore délicate parce qu'elle est féminine. Son nom provient du grec “mandra“ qui signifie stable et “agauros” qui signifie nocif. C'est une plante herbacée de la famille des solanacées. Parmi les variétés principales, on trouve la “Officinarum” originaire de l'Europe, la “Caulescens” de l’Himalaya et la “Kurcomanica” du Turkmenistán. L'Officinarum qui croît tout autour de la Méditerranée est chargée de légendes depuis l'antiquité, ainsi la sorcière Circé en tirait ses breuvages. Nous sommes ici face à un recours littéraire soigneusement choisi et bien mesuré pour obtenir un effet de premier plan dans l'écheveau narratif. Par sa richesse en alcaloïdes et ses qualités thérapeutiques, somnifères et hypnotiques, la mandragore permet d’entrer en sommeil profond ce que les conseillers et même Ramsés Cruz, personnage du roman, réussissent à découvrir en fouillant l'histoire, mandragore qui a été utilisée pour endormir le Christ, divinité de la religion chrétienne suivant une stratégie politique pour ensuite le faire ressusciter. C’est pourquoi, Ramsés qui se trouvait pris dans la prison de La Dorada, une petite ville de la Magdalena Medio en Colombie, prit la décision de préparer un breuvage et de l'ingère pour aboutir aux mêmes effets, tout cela se déroulant dans un mécanisme narratif complexe dont le lecteur prend conscience.
Le rôle de la mandragore va beaucoup plus loin que la simple anecdote littéraire, c'est l'outil avec lequel le narrateur fait une critique corrosive de la religiosité des Colombiens, phénomène qui produit dans l'enceinte de l'intellectuel, obscénité et chaleur suffocante pour l'intelligence, où même la langue n’est pas épargnée comme l'écrivain Fernando Vallejo le disait adroitement “les Colombiens parlent un langage théologique”. Le retard est tel que dans un pays où la constitution prône les valeurs laïques, son président par croyance ou par démagogie porte parfois sur ses épaules les statues des distinctes vierges dans les processions catholiques. Dans les nations modernes, le sexe et la religion est une affaire privée du ressort exclusif des citadins dans le cadre individuel. Dans l'histoire littéraire colombienne, on trouve peu de cas où la littérature a été un outil critique de l'aliénation idéologique et mentale que les religions produisent. Une des valeurs du nadaísmo (Mouvement littéraire colombien) qui surgit par son audace est de s’être approprié le sens critique dans le domaine de la métaphysique et de l'inclure à ses méthodes mais aussi de le mettre en application dans l‘action personnelle par des railleries et des sarcasmes contre les adeptes de rites. La Résurrection des Maudits
est un apport pour la pensée qui fera date dans l'historiographie de ce pays.
Un élément policier
Cet élément est une particularité fondamentale qui a le rôle de renforcement et permet une interrelation entre les axes narratifs de l'œuvre. Sans la présence du crime, la caractérisation du noir reste sans fondement de même que le traitement de la phénoménologie des hallucinogènes. Dans La Résurrection des Maudits, l'acte criminel n’est pas singulier, le narrateur n'a pas pour vocation de se focaliser sur une action de transgression déterminée mais au moyen des différents protagonistes, comme c'est le cas de l'élimination systématique des avocats ordonnée par Ramsés, Guadalupe et d'autres personnages, il institutionnalise le délit comme l'un des éléments d'existence du trafic de stupéfiants où sont la norme non seulement l’assassinat mais aussi d'autres modalités qui enfreignent pratiquement tout le code pénal colombien avec notamment la corruption et l'achat de fonctionnaires à tous les niveaux ce qui permet d’affirmer que l'argent est puissance réel et le restant pouvoir formel.
La dénonciation comme constituant littéraire
La dénonciation dans la littérature ne se rattache pas avec la signification que le langage populaire donne à ce terme; il en est de même du langage juridique qui la considère comme l'information de l'autorité compétente d’une violation de la loi. La dénonciation apparaît dans certaines œuvres comme une connaissance inhérente au sujet littéraire, une connaissance esthétique ce qui est un mécanisme gnoséologique distinct pour interpréter et connaître le monde. C'est une connaissance sensible propre à l'œuvre d'art, dont l'appréhension correspond aux valeurs subjectives de l'action littéraire. Le roman par sa nature a la fonction de conter. C'est le milieu par lequel la narration projette et dit des choses au lecteur. Cela ne signifie pas que la seule phénoménologie de raconter soit suffisante. Ecrire dans le niveau de langue que nous examinons est simple, le texte en lui-même manque de transcendance, il est le produit d'un apprentissage des exigences de l’écriture. Un individu peut écrire en respectant les règles grammaticales, orthographiques, syntaxiques et autres, introduire la fiction, le résultat sera un livre mais rien de plus. S’élever à la dénonciation implique de donner un traitement déterminé à certains contenus qui correspondent soit à la collectivité ou à l'individu. La Résurrection des Maudits met en scène le traitement que l'état colombien a donné et continue de donner à la phénoménologie des psychotropes. À la page 154, la dénonciation est claire et nette parce qu'elle ne présente pas d’ambiguïtés ni de codes littéraires qui masquent ce qui est dénoncé: «… Si Ramsés réussissait à s'envoler de cette prison, il allait faire d’une pierre deux coups contre les yankees et surtout Uribe qui s'était agenouillé et qui, sans pitié humaine ou juridique, avait envoyé un à un 650 prisonniers à Miami pour qu’ils y fussent jugés et condamnés de nouveau là où il ne leur servait à rien d’avoir déjà été condamnés et d’avoir purgé des peines pendant beaucoup d'années en Colombie ... » Nous nous trouvons face à un fait direct et évident sans les contenus littéraires que le traitement du genre exige. Ce qui est narré apparaît crument par des teintes exaspérantes dues au caractère des faits. Le lecteur peut palper une aspérité qui présente des risques s’il se hasarde à y passer une main qui serait lacérée par un océan de couteaux dissimulés. Il y en a un qui est affûté comme un rasoir, c’est celui qui a annulé l'état colombien par sa politique d'extradition non loin de laquelle s’évapore la notion de souveraineté. L’énormité du phénomène transforme le contenu de la citoyenneté, le Colombien est international par sa honte et sa douleur, il est citoyen chimérique.
La fonction du témoignage dans la littérature
Pour faire une analyse de la signification des témoignages de l'œuvre, il semble indispensable de pénétrer dans la complexité du temps littéraire puisque dans la plupart des cas, la littérature se meut dans le passé lointain, proche ou immédiat. En ce qui concerne l'avenir, elle a créé un genre qui lui appartient, le roman de science-fiction ou roman d’anticipation. Quant au présent, la trame se déroule en général dans un présent imaginaire; c'est-à-dire fictif; ici le roman part de la réalité ou de l'imagination pour construire des mondes qui n’ont d’existence que le temps de lire quelques pages, procédé qui en théorie littéraire du roman se classe selon le concept du vraisemblable ou de l’invraisemblable. Il utilise un temps qui n'est pas déterminé par le phénomène de l'objectif, mais il est produit de la fiction. Ce type de temps s'apparente, il s’imbrique avec le temps du roman historique, celui qui ne correspond pas au temps de la certitude de la mémoire phénoménologique avec laquelle travaille l'historien. Nous avons fondamentalement esquissé les temps les plus intéressants que le roman manie. La méthode impose de le faire afin de déterminer le temps inhérent au témoignage. Le témoignage présente sur le plan temporel des différences avec les autres temps utilisés par le roman, cette différence est due aux causes et non aux effets, c’est le temps réel qui délimite le témoignage. Sans ce type de temps, le témoignage ne peut pas se rendre. C'est sa gnoséologie. Pour le comprendre dans son expression objective, le temps réel doit être une catégorie fondamentale et déterminante de la phénoménologie du réel social ou individuel. Il délimite les faits dans son objectivité et vice versa; ainsi les faits rendent appréhensible le temps et le délimitent.
C’est-à-dire, être l'un et l'autre pour pouvoir être. C'est ce que l’on appelle dans le langage littéraire empirique le temps des faits réels. La deuxième catégorie qui détermine le témoignage est l'espace qui de manière théorique correspond à l’espace réel où les faits se sont déroulés. Une troisième catégorie est nécessaire et indispensable pour que le témoignage puisse se concrétiser. Il s’agit des faits. Les faits sont l'essence du témoignage. Dans la littérature, cela semble décisif, c'est une phénoménologie capitale parce que ce qui s'impose ici est la réalité. C’est elle qui est déterminante. Donc si ce qui prime est la catégorie du réel ou ce qui revient au même la vérité, la littérature cesse d'exister puisque ce qui lui permet d'être littérature c’est son contraire à savoir la véracité. Si la véracité occupe son espace, l'imaginaire ne peut pas se réaliser. Cela ne signifie pas que la littérature ne soit pas vraie, la littérature est véracité de la connaissance du sujet et de l'être mais elle se fait par la connaissance esthétique ce qui est une voie différente pour atteindre les vrais critères pour connaître le monde. Il est aussi nécessaire de lever le voile sur le fait qu’auteur et narrateur peuvent ne pas être concernés par les faits et peuvent même ne pas être témoins. Le ou les narrateurs peuvent être réels ou fictifs mais non pas les faits. Les points qui précédent font émerger le phénomène de l'alternative littéraire : Comment intégrer dans un texte littéraire des éléments antilittéraires, réalité de l'œuvre analysée ? La réponse que nous apportons est de cataloguer l’œuvre dans la catégorie de la technique mixte comme c’est parfois le cas dans la plastique. Fiction et réalité coexistent dans l'œuvre, elles forment une unité qui se fond en un tout narratif dans lequel la véracité est secondaire. La vérité testimoniale est dispersée dans La Résurrection des Maudits. À la page 138 deuxième paragraphe, on peut lire: « …comme Uribe ne passait pas une semaine sans envoyer un ou deux Colombiens les mains enchaînées qu’ils soient coupables, narcotrafiquants ou pas, le fantôme grandissait. Il suffisait que le yankee le demandât et sans attendre, il les envoyait avec obéissance. La Cour Suprême aurait pu s’estimer heureuse si elle n’avait que les genoux à terre... » Page 17, un extrait dit littéralement: « Naturellement, elles ont toutes cru, en commençant par elle, le président Gaviria et ses pacte. Mais quand elles ont vu qu'ils faisaient à Pablo Escobar une cathédrale privée pour l'incarcérer et qu’ils expédiaient son mari et tous les autres diriger le monde tordu des prisons, elles ont commencé à se décourager, à ouvrir les yeux et à se rendre compte qu'elles étaient tombées dans un piège phénoménal… »
Le lecteur trouvera d'autres passages où le conflit des psychotropes en Colombie montre des réalités de la convulsion et de la transgression dans lesquelles comme nous l’avons cité précédemment la première lecture de surface présente différents contenus du témoignage. On trouve ici le registre politique qui comporte l'action coercitive de l'exécutif, et le registre de la dénonciation avec l’action répressive de la branche judiciaire ce qui provoque des répercussions sur une grande part du tissu social et économique. Les constituants du témoignage sont le résultat des faits. Ils dérivent de chaque événement et en cela sont distincts et ce au sein d’une même œuvre comme c’est le cas dans La Résurrection des Maudits. De plus, ils jouent ici le rôle d’une cale qui renforce le sujet principal. Ils exhalent un parfum de règlement de comptes entre le narrateur et plusieurs personnages directs ou indirects qui ourdent toute la trame. D’un autre point de vue, le roman testimonial travaille inversement les faits par rapport au roman historique. Celui-ci s'érige dans les espaces dépourvus de preuves, dans les zones d'obscurité complète pour l'historien et au moyen de l'hypothèse il s’érige dans ces espaces par la réalisation de faits supposés. Le roman de témoignage est au contraire construit sur le réel irréfutable et même sur ce qui est supérieur à l'image, qu’elle soit issue de la photographie ou du cinéma, du fait que la graphie est la lecture des faits dans leur expression visible mais aussi dans leur contenu invisible et de ce fait inappréhensibles pour l’œil artificiel de l’objectif.
Efer Arocha
Paris, 22 novembre 2008