Mini cuentos por Efer Arocha
EL POBRE Y SUS CIRCUNSTANCIAS
La carretera se veía recta, de buen pavimento y amplia. Ruta perteneciente a las afueras de Johannesburgo. Era mayo de 2008 y martes en la mañana para que no quede duda. Al lado derecho el paisaje mostraba, como si se tratara de un tocado de una princesa oriental, un pequeño grupo de viviendas construidas con deshechos de ciudad, techos de latas y muros de cartón. Un enjambre de color de la noche invadió el lugar blandiendo elementos contundentes y corto-punzantes. Los zimbabuenses en horror huían en todas las direcciones para tratar de escapar del linchamiento.
Una mujer llegada el mismo día, despavorida corría con sus escasas pertenencias en atado, las que portaba sobre su cabeza sostenida con su mano derecha, mientras que con su izquierda halaba sus dos hijos de corta edad. Bordeando la vía trataba de escapar. Sus perseguidores levantaron porras y machetes para asestar los primeros golpes, y yo testigo inerme cerré los ojos porque no tengo nada más para contar.
LE PAUVRE ET SES CIRCONSTANCES
La route avait l’air droit et large, le pavement semblait être en bon état et la voie traversait la banlieue de Johannesburg. C'était au mois de mai 2008, le mardi matin pour que ne subsiste aucun doute. Sur la droite, le paysage laissait apparaître, comme s'il s'agissait d'une coiffure d'une princesse orientale, un petit groupement de demeures construites avec les restes d'une ville, des toits en fer-blanc et des murs en carton. Un essaim couleur de nuit envahit le lieu en brandissant des objets contondants, des machettes et des couteaux. Les zimbabwéens fuyaient horrifiés dans toutes les directions pour essayer d'échapper au lynchage.
Une femme parvenue le même jour, affolée courait avec ses quelques affaires emballées dans un paquet, celui qu'elle portait sur la tête et qu’elle soutenait de la main droite, alors que de la main gauche elle halait ses deux enfants. Elle essayait d'échapper en longeant le chemin. Ses poursuivants ont levé des massues et des machettes pour donner les premiers coups et moi, témoin désarmé, j’ai fermé les yeux. Je n'ai rien de plus à raconter.
LOS HECHOS EN VERDAD
Los vencedores de la Segunda Guerra Mundial le plantearon a Stalin, incluir entre los victoriosos al Papa. El interrogado contestó de manera seca y lacónica: Sí, si me dicen cuántas divisiones comandó. Los ganadores conmemoran la efemérides cada año. En Rusia luego de la disolución de la Unión Soviética cesó la tradición durante dos décadas. Hoy es 8 de mayo de 2008, y los festejos se reanudan. Ni en la fachada del Kremlin ni en pancartas u objetos alusivos aparece Stalin. Tampoco figura el comandante del Ejército Rojo. Encabeza el desfile el estandarte de la iglesia ortodoxa rusa como el testimonio de la participación en la guerra y en la victoria.
Todo lo que oí durante este día desde los confines del mundo fue la voz de Diógenes que me pedía: ¡Córrame el libro de la historia porque me hace sombra!
LA VÉRITÉ DES FAITS
Les vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale ont demandé à Staline d'inclure le Pape parmi les triomphateurs. L'interrogé a répondu d'une manière sèche et laconique : Oui, si vous me dites combien de divisions il a commandées. Les gagnants commémorent l'éphéméride chaque année. Après la dissolution de l'Union soviétique, la tradition a été suspendue en Russie pendant deux décennies. Aujourd'hui c'est le 8 mai 2008 ; les festivités reprennent. Staline n’apparaît ni devant la façade du Kremlin ni dans des pancartes ou des souvenirs commémoratifs. Ne figure pas non plus le commandant de l'Armée Rouge. L'étendard de l'église orthodoxe russe prend la tête du défilé comme pour témoigner de la participation à la guerre et à la victoire.
Tout ce que j'ai entendu durant cette journée depuis les confins du monde a été la voix de Diogène qui me demandait : Déplacez moi le livre d'histoire parce qu'il me fait de l’ombre!
SIN UNA ENFERMEDAD PARA MORIR
A Nicomedes Sánchez lo forzaron hacer un hueco en un paraje secreto que él mismo quedó sorprendido cuando lo llevaron allí. Hasta ese momento pensaba que conocía toda la geografía del municipio. Cavando, su cerebro lo atropellaba en desorden. Pensaba que en ese momento su esposa comenzaba a prepararle el almuerzo. Que su único hijo estaba en el jardín infantil y no lo volvería a ver jamás. Que la última persona que lo vio fue la enfermera instrumentalista en el momento de subir al automóvil. Que en el pueblo hasta un mes atrás a todos los muertos se les enterraba, inclusive a los que venían a morirse ahí.
Nicomedes concluía que sería un muerto sin tumba y sin esqueletos vecinos. A Nicomedes la muerte no le preocupaba, por su oficio estaba acostumbrado a ella.
Uno de los tres hombres que le apuntaba antes de dispararle le preguntó:
-¿Qué le preocupa doctor ahora que se va a morir?
- Nada, ni siquiera que seré un muerto en vida.
SANS UNE MALADIE POUR MOURIR
Nicomedes Sánchez contraint à creuser dans un endroit si secret fut lui-même surpris quand on l’y amena. Jusqu’à ce moment, il pensait connaître toute la géographie de la municipalité. En creusant, mille idées jaillissaient de son cerveau en désordre. Il pensait que son épouse commençait sûrement à préparer le déjeuner. Que son fils unique qu’il ne verrait jamais plus devait se trouver dans le jardin de la crèche. Que la dernière personne à l’avoir vu était l'infirmière alors qu’il montait en voiture. Que jusqu'au mois dernier, on enterrait tous les morts au village et même ceux qui venaient y mourir.
Nicomedes conclut qu’il serait un mort sans tombe et sans squelettes pour voisins. La mort ne préoccupait pas Nicomedes, son métier l’y avait habitué.
Un des trois hommes qui l’avait dans sa ligne de mire lui demanda avant de faire feu:
- Qu'est-ce qui vous préoccupe, docteur, maintenant que vous allez mourir ?
- Rien, pas même le fait d’être un mort vivant.
Por Efer Arocha
Paris, 27.09.08