Déjà vu par Idaly Monroy
Une jeune fille courre entre la foule de jeunes qui avance par les Champs Elysées agitant des drapeaux et des consignes. Elle s’ouvre un chemin vers la tête de la manifestation. Enfin elle l’aperçoit, Daniel Cohn-Bendit, l’étudiant allemand de sociologie se distingue entre la multitude par sa chevelure rouge et la fermeté de sa voix. Plus calme, la jeune fille ralenti de son pas, se joint aux autres voix qui crient : « L’imagination au pouvoir », « interdit d’interdire », entre autres phrases qui poussent ses compagnons tous pris par les mains.
Sept ans auparavant deux cents algériens morts fut le résultat d’une manifestation pacifique contre le colonialisme français. Plus récemment, le Mexique avait pleuré le sang de ses enfants étendu dans El Zócalo; la place des Tres culturas fut témoin du massacre. L’Asie, l’Amérique Latine et même les Etats Unit, criaient dans des places, des rues, des sièges des partis politiques, des portes des ambassades et des universités, « ¡NON à la guerre au Vietnam ! »
D’autres jeunes dont des distinctifs étaient des fleurs et des rubans autour de leurs têtes et la fumée stigmatisée diabolique du marihuana qui servait de rideau de fond aux notes de Beatles et aux Rolling Stones, disaient : « Faites l’amour et non la guerre », « Paix et amour ». Les baisers, les rêves et la musique ont unis des millions de jeunes qui crièrent indignés en ce mois inoubliable pour le monde. C’était Mai 68.
La gendarmerie a foncé. Le nombre de blessés a offensé les ouvriers et à la majorité de la société française. Tous sont sortis durant les jours qui suivirent et avec les étudiants ont été protagonistes de la plus grande grève générale de leur histoire. Peut-être personne se l’est proposé; et encore moins atteindre le prix poursuivi par les révolutions politiques traditionnelles: la prise du pouvoir. L’impulsion poétique de la jeunesse inaugura, ce mois- 4 ci, un autre type de révolution, celle qui récupère pour l’épopée l’imagination, le droit de rêver.
Le printemps passa, arrivèrent des ridicules changements à l’horizon –si on le compare avec la taille des rêves. Les filles et les garçons grandirent, poursuivirent des chemins différents et continuèrent la vie à leur manière. La jeune fille qui courrait derrière « Daniel le rouge » jamais n’a arrêté de participer dans des protestations contre les guerres et l’injustice. Elle a aimé jusqu’au dernier jour la musique que depuis lors elle a gardé fraiche dans son âme. Elle la lui enseigna à ses enfants, apprit d’eux des nouvelles mélodies et même la chanta avec ses petits-enfants. Aller aux concerts c’était courir par les Champs Elysées avec les enfants, chanter les paroles c’était reprendre les consignes irrévérencieuses contre un monde qui lui faisait encore mal ; tout lui faisait revivre les illusions de cette époque-là. C’était l’expression de bonheur de la jeune fille qui cria de tout son cœur : non à la guerre, oui à l’amour et à l’imagination.
Aujourd’hui je l’ai revu, elle courrait comme auparavant entre des enfants horrifiés et des chèvres déchainées. Une fois de plus elle entendait la mélodie qu’elle connaissait depuis qu’elle était une fille, celle qui accompagnait ses pieds apeurés en cherchant un refuge. Elle ne criait pas des consignes, ni rappelait les mots du maitre Althusser dans la salle de classe, même pas lisait les lettres de son propre alphabet et dans son cœur -plus que dans sa tête- la question majeure était, pourquoi dans son peuple mourraient d’abord les enfants et les petits enfants que les parents et les grand parents. Ce qu’elle avait parfaitement apprit à lire, était le geste identique des hommes et des chèvres dans les moments de terreur. Elle reconnaissait dans ses yeux la douleur et les peurs non avouées. Son scénario avait été les tranchées, la fumée, le feu, les maisons s’écrouler ; les éclatements brutaux utilisés par les autres pour humilier son peuple pour avoir eu l’audace de les regarder avec la tête dressée. Aux alentours il n’y avait des bras ni des baisers d’adieux, ni de félicitations. Que des fleurs de mort envahissaient son territoire.
Loin des chèvres, de la terre tannée, son petit-fils arrive au théâtre et prend position. Il s’appuie fort, mais sa grand-mère reconnait ce regard, le même des enfants et des chèvres. 5 Le rock ne s’entend pas, le feu allume le scénario. La rockeuse du mois de mai ne parvient pas à chanter la première strophe, se plie comme une branche sur son petit enfant blessé. La femme syrienne de cheveux blancs courre avec ses chèvres sous les bombardements, enlace les enfants comme à un fagot de bois contre sa poitrine, mais elle n’arrive pas au refuge, ils tombent allongés. C’est l’hiver 2015.
Novembre 2015
Déjà vu
Por: Idaly Monroy
Traducción: Mario Roberto Cortés
Una chica corre entre el montón de jóvenes que avanzan por los Elíseos agitando banderas y consignas. Se abre camino hacia la cabecera de la marcha. Por fin la divisa, Daniel CohnBendit, el estudiante alemán de sociología se destaca entre la multitud por su cabellera roja y por la firmeza de su voz. Más sosegada, la muchacha aminora el paso, se une al coro que grita: “La imaginación al poder”, “prohibido prohibir”, entre otras frases que lanzan sus compañeros tomados de la mano.
Siete años atrás doscientos argelinos muertos fue el resultado de una marcha pacífica contra el colonialismo francés. En un tiempo más reciente, México había llorado la sangre de sus niños extendida por El Zócalo; la Plaza de las Tres culturas fue testigo de la masacre. Asia, América Latina y los propios Estados Unidos, gritaban en plazas, calles, sedes de partidos, puertas de embajadas y universidades, ¡“NO a la guerra del Vietnam”!
Otros jóvenes cuyos distintivos eran las flores y cintas alrededor de sus cabezas y el satanizado humo de la marihuana que servía de telón de fondo a las notas de los Beatles y los Rolling Stones, decían: “Haga el amor y no la guerra” “Paz y amor”. Los besos, los sueños, y la música, unieron a millones de jóvenes que gritaron indignados en ese mes inolvidable para el mundo. Era mayo del 68.
La gendarmería arremetió. El saldo de heridos ofendió a los obreros y a la mayoría de la sociedad francesa. Todos salieron a las calles durante los días posteriores y protagonizaron junto a los estudiantes la huelga general más grande de su historia. Tal vez nadie se propuso obtener el trofeo perseguido por las tradicionales revoluciones políticas: la toma del poder. El impulso poético de la juventud inauguró, ese mes, otro tipo de revolución, la que rescata para la epopeya la imaginación, el derecho a soñar.
Pasó la primavera, sucedieron ridículos cambios en el panorama -si se compara con la estatura de los sueños. Las chicas y chicos crecieron, siguieron rumbos distintos y continuaron la vida a su manera. La muchacha que corría tras “Daniel el rojo” nunca dejó de participar en las protestas contra las guerras y la injusticia. Amó hasta su último día la música que desde entonces conservó fresca en el alma. La enseñó a sus hijos, aprendió de ellos las nuevas melodías, e incluso las cantó con sus nietos. Ir a los conciertos era correr por los Campos Elíseos con los niños, cantar sus letras era retomar las consignas irreverentes contra un mundo que aún le dolía; todo le hacía revivir las ilusiones de esa época. Era la expresión de su fidelidad a la joven que dijo a todo pulmón: No a la guerra, sí al amor y a la imaginación.
Hoy la volví a ver, corría como entonces pero entre niños aterrorizados y desbandadas de cabras. Una vez más escuchaba la melodía que conocía desde niña, la que acompañaba sus pies asustados en busca de refugio. No gritaba consignas, ni recordaba las palabras del maestro Althusser en el aula, ni siquiera leía las letras de su propio alfabeto y en su corazón -más que en su cabeza- la pregunta mayor era, por qué en su pueblo morían primero los hijos y los nietos que los padres y los abuelos. Lo que sí había aprendido a leer perfectamente, era el gesto idéntico de hombres y cabras en los momentos de terror. Conocía en sus ojos el dolor y el miedo no confesos. Su escenario habían sido las trincheras, el humo, el fuego, las casas desmoronándose; los estallidos brutales utilizados por los otros para humillar a su pueblo por tener la osadía de mirarlos con la cabeza erguida. A su alrededor no había abrazos ni besos de despedida, ni felicitaciones. Solo flores de muerte inundaban su territorio.
Lejos de las cabras, de la tierra curtida, su nieto llega al teatro y toma posición. Pisa firme pero su abuela conoce aquella mirada, la misma de los niños y las cabras. El rock no se escucha, el fuego ilumina el escenario. La roquera de mayo no alcanza a cantar la primera estrofa, se dobla como una rama sobre su nieto herido. La mujer siria de cabello blanco corre con sus cabras bajo los bombardeos, abraza a los niños como a un atado de leña contra su pecho, pero no alcanza el refugio, caen tendidos. Es el invierno de 2015.
Idaly Monroy
Nació en Bogotá. Trabajadora Social y escritora