"Lampadaires bleus et autres poèmes" de Mario WONG
par Kalle Merono.
Mario WONG est un poète et écrivain péruvien que vit en France depuis plusieurs années. Dans le recueil des poèmes, qu’il a présenté à la Maison de l’Amérique Latine, intitulé : Lampadaires bleus et autres poèmes, il nous propose une poésie faite d’un mélange de la poésie latino-américaine avec celle de la beatnik américaine. On y trouve plusieurs allusions vers des œuvres comme Howl d’Allen Ginsburg et Softmachine de William Burroughs. Quand le monde latin se retrouve avec le monde anglo-saxon, ce n’est pas toujours une rencontre sans heurte. Surtout pas dans la poésie de Mario Wong. Des mots volent en éclats. C’est une collision entre deux poésies où son recueil fait une synthèse de choc. Le « trash » latino si l’on veut. Ce sont des textes d’un homme du 21éme siècle qui n’arrive plus à avoir une pensée cohérente. C’est une poésie entrecoupée dans des mots fragmentés, loin de la beauté, la mélancolie et la réflexion apaisée. C’est une poésie qui décrit la laideur quotidienne et l’aliénation de contemporaine. Racontée avec une rythmique frénétique. C’est la poésie issue d’une métropole où l’on n’a jamais le temps pour savourer l’instant. La beauté n’a plus une valeur en soi, uniquement le prix. Aucune compréhension n’est possible. C’est une poésie hallucinatoire digne d’un toxicomane dans sa phase finale. Une descente dans des délires cauchemardesques.
En revanche, son dernier poème, qu’est aussi le poème titre, reprend la composition harmonieuse qu’on a l’habitude de lire dans la poésie latino-américaine moderniste. Le poème évoque une rétrospective nostalgique de l’enfance de l’auteur et marque un contrepoint, par rapport à ce sombre univers opposé, ou les temps modernes ont détruit la beauté. C’est son dernier poème qu’on apprécie le plus mais ce sont les autres dans sa collection, que sont les plus proches de notre réalité et qui n’arrêtent pas de troubler notre esprit, bien longtemps après avoir terminé le livre et l’avoir laissé de côté.
Lampadaires bleus et autres poèmes par MARIO WONG, recueil de poèmes, édition l’Oreille du Loup ; 2014